Bientôt des voitures électriques pour équilibrer le réseau électrique ?
Temps de lecture : 4 min
L’opérateur RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité français, vient de certifier pour la première fois la technologie « vehicule-to-grid » (V2G), mise en œuvre par Dreev, une co-entreprise créée entre EDF et NUVVE. Une technologie qui pourrait permettre de réinjecter l’électricité contenue dans les batteries de véhicules électriques dans le réseau électrique général pour participer au bon fonctionnement en temps réel du système électrique français et européen.
Une recharge intelligente
L’idée part d’un constat simple : un véhicule électrique reste immobile pendant 90% du temps en moyenne. Dans ce contexte, la co-entreprise Dreev a déployé une technologie permettant d’utiliser les batteries des véhicules électriques disponibles sur le territoire national. Cela permettrait de contribuer à ajuster l’équilibre production-consommation de l’énergie présente dans le réseau électrique.
Concrètement, le système fonctionne grâce à des bornes de recharge bidirectionnelles, réparties sur tout le territoire, et placées dans les entreprises ou dans les collectivités locales ayant dans leur flotte des véhicules électriques compatibles. Ces bornes vont avoir pour mission d’activer la charge ou la décharge des batteries des véhicules électriques connectés, qui pourront alors déstocker leur énergie qui sera renvoyée sous forme d’électricité dans le réseau. Ainsi, les voitures électriques peuvent fournir de l’électricité en journée lorsqu’elles sont stationnées, tandis qu’elles se rechargeront pendant les heures creuses.
Grâce à une plateforme de pilotage en temps réel garantissant à tout moment le respect des besoins de mobilité des utilisateurs, les flux sont optimisés en permanence dans un réseau de distribution intelligent. Pour éviter les fluctuations de fréquence dans le réseau et mettre à disponibilité de l’énergie, le V2G propose aussi une solution de stockage de l’électricité. Les batteries des véhicules électriques pourront stocker l’électricité renouvelable au moment où elle est produite, et ainsi l’injecter dans le réseau au moment opportun. Un bon moyen de stabiliser le réseau en le rendant plus « propre ».
Cette récente certification de RTE « ouvre des perspectives formidables quant aux rôles que vont jouer les véhicules électriques au sein des systèmes électriques national et européen. Au-delà de la preuve technologique, elle montre que les acteurs de deux industries, l’énergie et l’automobile, historiquement assez éloignées, sont capables d’unir leurs forces pour innover. », précise Eric Mevellec, CEO de Dreev dans un communiqué.
Les opérateurs envisagent également de rémunérer leurs clients pour la mise à disposition de leurs batteries, permettant ainsi au consommateur final de réduire ses dépenses énergétiques.
Une solution adaptée à la demande des entreprises
La technologie est adaptée pour pouvoir fonctionner aussi bien chez soi qu’au sein d’entreprises. Cependant, utiliser cette technologie à domicile requiert plus de flexibilité de la part des conducteurs, qui devront renseigner les horaires auxquels ils quittent leur domicile et reviennent, pour adapter la charge du véhicule. Des données qui font face au souci de protection de la vie privée qui pourraient freiner plusieurs conducteurs.
En revanche, la technologie présente beaucoup plus d’avantages dans le cadre de l’entreprise, où la question de l’énergie devient de plus en plus importante. En effet, dans le monde du travail, la demande d’énergie est plus forte au cours de la journée, au moment exact où les véhicules de l’entreprise sont stationnés et non utilisés. Les véhicules pourraient donc stocker et fournir de l’énergie pour alimenter les bureaux tout au long de la journée, et ainsi s’adapter parfaitement à l’offre et la demande d’électricité. Couplées aux réseaux intelligents, les batteries contribueront à développer une mobilité verte et durable.
Plusieurs tests en cours
Pour optimiser sa solution qui ne s’adapte pas encore à tous les véhicules, Dreev travaille avec Nissan sur le standard Chademo. Cette prise électrique avancée permet à l’heure actuelle de brancher les modèles Nissan Leaf et e-NV200, l’iMiev et l’Outlander hybride de Mitsubishi, la Peugeot Ion ou encore la Citroën C-Zero. La start-up veut s’adapter, à terme, aux futures bornes européennes, via le standard CCS, pour pouvoir déployer son offre, modèle par modèle, d’ici 2023.
Pour mettre cette technologie sur le marché le plus tôt possible, plusieurs constructeurs automobiles se sont associés à des collectivités territoriales pour la tester.
Renault a commencé à tester depuis 2018 le V2G à Porto Santo, au Portugal, avec des ZOE et des Kangoo ZE. Ce test baptisé « Sustainable Porto Santo – Smart fossil free island » vise à accélérer la transition énergétique tout en réduisant le plus possible l’empreinte carbone de l’île grâce à cette technologie. Renault a également déployé des tests aux Pays-Bas mais aussi dans l’île de Ré.
Nissan, quant à lui, collabore avec le fournisseur d’énergie E.ON au Danemark et à Amsterdam avec ses Leaf et les e-NV200. Il a réalisé un premier transfert historique aux Pays-Bas via une de ses Nissan Leaf en injectant de l’énergie dans le réseau public via l’une des stations de recharge V2G de NewMotion.
En couplant le recours aux énergies vertes et renouvelables intermittentes, comme le solaire ou l’éolien, à la technologie V2G, la France poursuit sa transition énergétique. Reste à savoir si cette utilisation plus intensive des batteries électriques ne diminuera pas leur durée de vie et leur permettra de trouver un usage complémentaire sur le long terme.
Rejoignez-nous
Vos études touchent à leurs fins ou vous êtes à la recherche de nouveaux défis ? Alors rejoignez Adentis dès aujourd’hui en cliquant sur le lien ci-dessous :
>> Je veux rejoindre Adentis <<
Photo de couverture : tous droits réservés.
Laisser un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.