Bientôt des vols avec un seul pilote grâce à Airbus ?
Airbus fait un nouveau pas dans l’autonomie de ses avions et prévoit de ne garder qu’un seul pilote dans le cockpit, grâce au concept de Single Pilot Opération (SPO).
Airbus a en effet confirmé « travailler sur un projet visant à réduire le nombre de pilotes sur les vols long-courriers A350 avec une éventuelle mise en service autour de 2023 ».
Un challenge ambitieux pour un horizon proche, sur lequel nous revenons pour vous dans notre article du jour.
Un premier niveau de SPO, avant de parler d’Intelligence Artificielle !
« Cela prendra quelques années, mais pas 10 ans. Quand vous écoutez les grands avionneurs, ils parlent d’un horizon 2020, 2021, 2022, 2023. Cela dépend de ce qu’ils mettent derrière cette réalité.
Pour le niveau de SPO qu’ils visent à cet horizon-là, je n’ai pas de doute qu’on va y arriver. Mais passer à de l’intelligence artificielle certifiable, c’est probablement à plus long terme »,a déclaré le groupe à l’association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace (AJPAE).
Faire face à la pénurie de pilote prévue dans les années à venir
La principale raison annoncée pour la mise en place d’un programme comme celui-ci est la pénurie de pilotes prévue dans les années à venir notamment due à l’augmentation impressionnante du trafic aérien, qui se multiplie par deux tous les quinze ans.
Airbus a estimé que pour s’adapter à cette croissance, il faudrait compter 540 000 pilotes dans les 20 prochaines années. Un chiffre qui semble difficile à atteindre.
La compagnie a donc décidé de se tourner vers d’autres solutions pour pallier à ce problème à sa manière, en réduisant à la fois la masse salariale et les frais financiers.
Le cabinet IAC Partners a réalisé une étude et a estimé que le passage de deux pilotes à un seul sur une flotte de 1100 appareils permettrait de réaliser une économie de 10 milliards d’euros par an en 2030.
Aujourd’hui, la norme de pilotage de l’ensemble des appareils destinés à réaliser des court et moyen-courriers est de deux pilotes.
Pour les longs courriers le nombre augmente légèrement et varie entre deux, trois ou quatre, en fonction du temps de vol mais également des décisions prisent par les différentes compagnies.
Le passage à un seul pilote permettrait aux compagnies de réaliser de réelles économies, notamment grâce à l’allègement de leur masse salariale.
Il faut savoir qu’une compagnie aérienne utilise entre 20 et 30% de son chiffre d’affaire pour payer ses salariés, et que ce coût s’intensifie d’année en année du fait d’un trafic aérien de plus en plus dense.
Réutiliser les connaissances et les technologies des taxis volants autonomes
Pour arriver à mettre en place ce concept de SPO, Airbus s’appuie sur sa connaissance des systèmes d’automatisation conçus pour les taxis volants comme ceux de son modèle Vahana, son projet d’Aéronef CityAirbus ou encore son drone-navette Pop-up.
À relire : Le Groupe ADP présente son projet de vertiports pour les taxis volants
Mais le groupe s’appuie également sur les technologies développées en matière d’intelligence artificielle pour le marché de la voiture autonome.
« Notre ambition est de développer de plus en plus de systèmes automatisés qui permettent d’améliorer la sécurité »,a précisé Grazia Vittadini, Chief Technology Office d’Airbus.
Ces technologies permettraient de traiter plus facilement et en direct les images afin de détecter le moindre obstacle sur le parcours, ou de situer des points de repère.
« Ces projets permettent de tester à plus petite échelle et à moindre coût des technologies comme l’autonomie, la gestion du trafic aérien et le contrôle du domaine de vol, et pourraient être transférées ensuite à l’aviation commerciale »,a précisé Eduardo Dominguez-Puerla, directeur de l’entité Urban Air Mobility d’Airbus.
Au-delà de ces projets, Airbus a également développé un programme nommé ATTOL (Autonomous Taxi, Take-Off and Landing), qui correspond donc au roulage, décollage et atterrissage autonome. Un premier essai aura lieu du côté de Toulouse en 2020.
Le groupe prévoit de modifier les systèmes des avions afin que la phase de roulage soit prise en main uniquement par un logiciel.
Jean-Brice Dumont, vice-président de l’ingénierie d’Airbus, a également précisé que les équipes travaillaient en parallèle sur la phase de croisière pour la rendre autonome.
« Il a fallu 60 ans à l’industrie aéronautique pour passer de quatre pilotes à trois pilotes, puis deux pilotes »
« Il a fallu 60 ans à l’industrie aéronautique pour passer de quatre pilotes à trois pilotes, puis deux pilotes. Le concept du SPO va conduire à un cockpit disruptif, mais nous devons y aller pas à pas » a expliqué Grazia Vittadini, directrice des technologies chez Airbus.
Bien que l’idée d’avoir un seul pilote à bord puisse être inquiétante, l’avionneur rassure en précisant que le concept du SPO permet également d’avoir à bord deux pilotes, dont un qui pourra se reposer, notamment lors de vol long-courrier.
« À deux pilotes à bord, on peut structurer la sieste »,a précisé le groupe, qui avance le repos comme l’un de ses principaux arguments.
La certification d’un tel concept sera longue !
Malgré les avantages présentés par Airbus, aussi bien en termes de sécurité qu’en termes financiers, la mise sur le marché du SPO risque de passer par de nombreux obstacles.
Dans un premier temps, la certification d’un tel concept peut mettre beaucoup de temps à être obtenue et risque d’être encore plus difficilement accessible suite à la crise subie par Boeing due à des défaillances du système anti décrochage des Boeing 737 Max. Un épisode qui devrait voir se renforcer le processus de certification pour toute les demandes à venir.
Deuxièmement, au-delà de l’aspect attractif de la nouveauté, ce programme « Single Pilot Opération » risque fort de ne pas être accueilli à bras ouvert par tous.
On se rappelle notamment des longues négociations de 1980, lorsque Pierre Giraudet, PDG de Air France à l’époque, avait annoncé le passage de 3 à 2 pilotes sur les B737, supprimant ainsi le poste de mécanicien à bord de l’avion.
La sécurité à bord avait grandement inquiété les employés et les négociations plutôt houleuses avaient duré plus d’un an avant que des termes quasi satisfaisants soient trouvés pour les deux parties.
« Il faut prendre ce sujet sous l’angle de l’efficacité et de la sécurité. Nous pouvons nous poser la question technique ou philosophique de savoir si une machine fait moins d’erreurs que l’être humain ou si la combinaison d’un cerveau humain et d’un cerveau artificiel n’est pas plus sûre, plus performante que deux cerveaux humains »,a précisé Patrice Caine, le PDG de Thalès.
Il a également ajouté que le pilote dans l’avion serait probablement assisté d’un pilote au sol, ce qui permettrait aux pilotes de conserver un réel rôle au sein de la société.
La crainte des passagers est également à prendre en compte puisqu’elle pourrait potentiellement faire perdre de l’argent aux compagnies qui optent pour ce système s’il ne se veut pas assez rassurant.
Vers un secteur aérien sans pilote ?
Cette avancée soulève néanmoins de nombreuses questions dans les esprits des pilotes qui s’interrogent sur l’avenir de leur métier. En effet, cette nouvelle étape de « Single Pilot Operation » est sans nul doute la dernière étape avant la conduite d’un avion commercial sans pilote.
Pour le moment les vols commerciaux sans pilote ne semblent pas intéresser Airbus, qui y voit trop de complications aussi bien avec le facteur humain qu’avec le facteur législation et la gestion à bord.
Le SPO pourrait donc être le dernier défi à relever pour l’instant pour l’avionneur.
Airbus n’est cependant pas le seul à s’intéresser de près à ce système. En effet, les équipementiers et les grands fournisseurs étudient aussi cette possibilité de vols plus autonomes, grâce à un seul pilote, notamment pour du transport de fret.
Aucune annonce officielle n’a encore été faite mais la révolution du transport aérien est en marche.
Avec une promesse de lancer le SPO en 2023, Airbus démontre une nouvelle fois sa force dans le secteur aérien !
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