[Covid-19] Comment les distributeurs alimentaires s’adaptent-ils face à la crise ?
Pour poursuivre leur activité malgré la pandémie, les entreprises misent en masse sur le e-commerce !
En France, cela fait maintenant un mois que le confinement strict est en place et que tous les commerces qui ne sont pas de première nécessité ont dû fermer.
Les commerces encore ouverts souffrent d’une baisse de fréquentation, en raison du confinement et de la peur grandissante d’être contaminé en allant acheter un simple paquet de pâtes.
De nombreux consommateurs se tournent alors vers des solutions de plus en plus proposées ces derniers mois : la livraison, le drive ou encore le click & collect.
Face à l’explosion de la demande sur ces services, les commerces, notamment la grande distribution alimentaire, doivent trouver des solutions pour satisfaire toutes les commandes passées en ligne.
On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.
L’explosion des commandes en ligne
Face à cette crise sans précédent, les enseignes françaises de l’alimentation se serrent plus que jamais les coudes.
Dès le 11 mars, les professionnels du secteur se sont exprimés dans un communiqué : « Nous, acteurs responsables et unis de l’alimentation des Français, agriculteurs, éleveurs, coopératives, entreprises alimentaires et distributeurs, nous mobilisons pour continuer à fournir aux Français les produits alimentaires nécessaires, dans le contexte de crise du coronavirus qui impacte aussi notre secteur », indiquaient-ils.
« Face à la crise, nous avons le devoir d’imaginer des solutions nouvelles, et le digital nous ouvre collectivement beaucoup de possibilités », affirmait Amélie Oudéa-Castéra, Directrice Exécutive e- commerce, Data et Transformation Digitale de Carrefour, dans un communiqué du 1er avril dernier.
Le digital : une solution priorisée par la majorité des distributeurs alimentaires, qui atteignent des records de commandes en ligne.
Foxintelligence publie un Baromètre Hebdomadaire du e-commerce basé sur un panel de consommateurs en Europe. Selon les dernières données recueillies par le Baromètre, les commandes e-commerce alimentaire ont augmenté de 50% durant la seconde semaine de confinement en comparaison au taux de commandes avant crise.
Chez Houra.fr, filiale de Cora, on observe une « hausse des commandes pouvant aller jusqu’à +400% selon les régions, les progressions les plus fortes étant enregistrées dans les régions les plus proches des foyers de contamination » a été enregistrée.
En réponse à cette forte hausse, chaque service doit s’adapter au mieux à la demande en un minimum de temps.
Des conséquences immédiates sur les services de e-commerce
Avec ces pics de commandes, les distributeurs alimentaires doivent réagir au mieux pour assurer le bon fonctionnement de leurs services.
Bien que le e-commerce n’en soit plus à ses prémices, ce pic de commandes encore jamais atteint pose malgré tout plusieurs problèmes que les acteurs de l’alimentation doivent résoudre.
De nombreuses ruptures de stock sont apparues, notamment des denrées alimentaires qui se conservent plus longtemps (pâtes, riz, conserves…)
Les sites e-commerce ont connu une surchauffe, une grande quantité de personnes passant commande simultanément. Quant aux délais de livraison, ils ont été allongés.
Toujours d’après le baromètre de FoxIntelligence, 75% des commandes sont désormais livrées dans un délai supérieur à 5 jours (3 fois plus que le délai habituel !). Parmi ces commandes, quasiment aucune ne fait appel aux différents réseaux de points relais.
Auchan.fr indiquait dès le début du confinement qu’« à la suite d’une affluence inhabituelle, les délais de commande peuvent être rallongés, et la navigation sur le site Internet peut être perturbée. ».
De son côté, des enseignes comme Houra.fr ont même décidé d’interrompre ponctuellement leur service de commandes afin de pouvoir livrer celles déjà passées par les clients. « Un contrôle du calendrier de livraisons sur les 7 prochains jours est effectué en temps réel pour chaque code postal desservi par houra.fr » explique l’entreprise.
« Ainsi, si l’ensemble des créneaux d’un code postal est saturé, la prise de nouvelles commandes est automatiquement fermée puis rouverte dès que de nouveaux créneaux de livraison sont disponibles ».
Des solutions alternatives de livraison mises en place
Pour pallier à cette demande bien particulière, les distributeurs alimentaires innovent. Certains se tournent vers des modes de livraison alternatifs, d’autres n’hésitent pas à créer de nouveaux partenariats.
Des partenariats fructueuses pour Carrefour, ainsi que pour les enseignes du groupe Casino (Monop’, Franprix et Casino). Elles ont collaboré avec des spécialistes de la livraison : Uber Eats et Delivreoo.
Carrefour, qui travaillait déjà avec Glovo, a lancé ce partenariat début avril 2020. Elle déploie désormais une solution de livraison collaborative en s’appuyant sur la start-up nantaise Shopopop. Un système qui couvre une quinzaine de magasins à Paris et en région parisienne, et que l’enseigne espère développer à échelle nationale.
Shopopop accompagne 600 magasins en France. La plateforme en ligne s’allie déjà à de grands noms comme Système U, Leclerc et Intermarché. Avec 220 000 utilisateurs inscrits, dont 50 000 livreurs potentiels actifs dans plus de 85 départements, Shopopop s’est déjà fait sa place dans le secteur de la distribution alimentaire
« On suit la montée en charge des magasins. Comme ils sont les premiers à subir l’explosion de l’activité du drive et de la livraison à domicile, forcément on voit l’augmentation de la volumétrie du nombre de livraison qui sont réalisées », détaille Johan Ricaut, Cofondateur de Shopopop.
La société est désormais très sollicitée : par d’autres distributeurs mais aussi des services de proximité (traiteurs, boulangeries, EHPAD ou encore centres médicaux). Ce modèle collaboratif devrait permettre de mieux gérer la hausse des commandes et de répondre au mieux aux demandes des clients.
Monoprix a également apporté sa pierre à l’édifice. L’enseigne a opéré la transformation de 5 magasins parisiens fermés (notamment ceux placés dans des zones désertées durant l’épidémie ou entourées de bureaux). A présent, ce sont des « dark store » : centre de distribution exclusif des achats en ligne. Monoprix confirme que ces dark store sont déjà opérationnels à la vente.
Le drive et le click & collect
Pour les clients réticents à faire leurs courses en magasins, ou ceux qui n’ont pas la patience d’attendre leur livraison à domicile (ou qui préfèrent aller chercher leurs produits), le drive et le click & collect s’avèrent des solutions gagnantes.
Cependant, du côté des distributeurs, ces solutions en forte hausse impliquent un travail logistique pour qu’ils ne soient pas débordés.
Les magasins ont donc réorganisé leurs équipes. Objectif : pouvoir compter sur plus d’employés et de postes dédiés au service de drive et de click-and-collect afin d’assurer un fonctionnement optimal.
De nouveaux créneaux de livraison des magasins ont été ouverts pour éviter au maximum les ruptures de stock. Les plages horaires dédiées au drive et au click & collect ont été étendues afin d’optimiser ce service auprès des clients. Certaines enseignes ont même aménagé des stands en extérieur uniquement dédiés à ces services. Le tout en garantissant une sécurité sanitaire sans faille, conforme aux mesures gouvernementales.
Le click & collect a lui aussi subi une forte hausse. Chez Monoprix par exemple, il représente aujourd’hui 40% des ventes e-commerce contre moins de 10% avant cette crise.
Une expérience utilisateur améliorée
Pour faciliter au maximum les courses en ligne, les acteurs de l’alimentation proposent des solutions adaptées aux consommateurs/utilisateurs.
Le 23 mars dernier, Carrefour a créé un système de paniers par abonnement nommé Les essentiels, avec livraison à domicile. Ce service est pour le moment réservé aux parisiens et accessible selon un jour fixe en fonction de l’arrondissement. Cet abonnement propose tout de même la livraison de produits essentiels via huit paniers différents (Veggie, Mer, Terre, bébé 1e Age, et 2e Age, Chien, Chat et Entretien).
De son côté, Casino a développé une « file d’attente virtuelle » permettant à ses clients de connaitre le nombre de minutes à attendre avant d’atteindre la page « constitution du panier ».
Via ce dispositif, le groupe espère fidéliser ses clients tout en étant transparent sur le délai d’attente. Le but est qu’ils ne quittent pas la page pour passer commande vers un concurrent. Carrefour a fait de même face à l’abondance de trafic sur son site web.
Véhicules autonomes : la livraison du futur ?
Au niveau mondial, des nouvelles expériences de livraison fleurissent, laissant peut-être présager le futur de la livraison.
La start-up américaine Nuro propose ainsi un tout nouveau mode livraison à l’aide d’un robot autonome. L’entreprise a obtenu le 7 avril l’approbation des autorités californiennes du DMV (Department of Motor Vehicles) de Californie. Elle est en phase de test de son robot de livraison autonome R2 sur les routes publiques de la Silicon Valley.
Il s’agit là de la deuxième autorisation délivrée par les autorités californiennes. La première en date : Waymo, filiale d’Alphabet, qui teste ses véhicules autonomes sur route ouverte depuis fin 2019.
La marque souhaite, dès que possible, se rapprocher de différentes enseignes et détaillants locaux pour lancer la livraison via son robot autonome.
Dans un premier temps, ces livraisons ne concerneront que des clients présélectionnés de Santa Clara et San Mateo. Toutefois, le service devrait vite s’ouvrir à d’autres secteurs.
Jusqu’à présent, l’e-commerce alimentaire ne représentait qu’un très faible pourcentage des achats quotidiens en France. La faible confiance en ces services n’y est pas pour rien. Autres raisons : la conformité des commandes, les modes de livraison limités ou encore des délais ou prix jugés parfois trop longs ou trop élevés.
Cette période de confinement, qui bouscule nos habitudes, pourrait enfin permettre aux acteurs du e-commerce de se frayer une place et d’être pérennes grâce à la mise en place de toutes ces solutions pour optimiser les achats. Si les commandes passées sont fluides et opérées dans les temps, on peut espérer que la distribution française ressortira plus forte de cette crise.
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