[Covid-19] Des chercheurs américains cartographient le coronavirus à l’aide de Google et de Facebook
Alors que chercheurs, autorités sanitaires et gouvernements s’affairent à trouver des idées novatrices pour lutter contre le Covid-19, la technologie et la collecte de data se révèlent être des alliées de taille.
Les gouvernements des différents pays étant actuellement mobilisés pour leur plan de déconfinement, il est primordial d’avoir le maximum de données les concernant.
Dans ce contexte, les géants de la Tech n’hésitent pas à apporter leur soutien à travers leurs moyens.
Nouvel exemple avec Google et Facebook qui se sont associés pour cartographier l’ensemble des cas de coronavirus afin de mieux comprendre sa propagation.
En partenariat avec des chercheurs de l’Université Carnegie Mellon (USA), les deux firmes apportent leur pierre à l’édifice grâce aux données recueillies sur leurs utilisateurs. Celles-ci permettent d’établir une carte géographique détaillée des foyers de coronavirus.
Déjà disponible aux Etats-Unis, cette carte devrait rapidement s’étendre à d’autres pays, également en quête de données similaires.
On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.
Répondre à l’appel du Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies
Déjà disponible comté par comté aux Etats-Unis, cette carte, dont a fait part l’équipe de chercheurs dans un communiqué du lundi 20 avril, est en train d’être étendue à plusieurs pays. Objectif : couvrir une majorité de la population et éradiquer au plus vite la pandémie.
« Comprendre comment Covid-19 se propage est essentiel pour les gouvernements locaux et les responsables de la santé publique. D’une part car ils allouent des ressources limitées comme les ventilateurs et le PPE, et d’autre part pour décider quand il sont finalement sûrs de commencer à rouvrir différents endroits. Les chercheurs croient que ces cartes de sondage des symptômes peuvent être un outil important pour prendre ces décisions », a précisé Marc Zuckerberg dans un post sur son réseau social et dans le Washington Post.
Today we're releasing the first maps of the Covid-19 symptoms people have reported experiencing county-by-county across…
Publiée par Mark Zuckerberg sur Lundi 20 avril 2020
Cette initiative émane d’une demande du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), l’organisme américain principal en lutte contre la pandémie de Covid-19.
Le CDC a décidé de faire appel aux chercheurs de Carnegie Mellon, qui développent depuis plusieurs années déjà une expertise sur l’anticipation de l’évolution de la grippe sur le territoire américain.
Comment sont collectées les données ?
La cartographie évolutive proposée par les chercheurs s’appuie sur les données recueillies par leurs différents partenaires, et notamment Facebook et Google.
Cette carte offre des « indications en temps réel sur l’activité du Covid-19 qui n’étaient pas disponibles auparavant », souligne un communiqué de l’Université Carnegie Mellon.
La collecte de données s’effectue en deux temps. Le premier correspond au partage des données de localisation de Google et Facebook. Le second s’appuie sur un sondage réalisé par les deux groupes auprès de leurs utilisateurs pour suivre l’évolution du virus.
Les données issues de Facebook
Pour aider à vaincre cette crise, Facebook s’appuie sur son programme « Data For Good ». A l’aide de trois outils différents, le réseau social veut analyser l’effet des mesures de confinement ainsi que le risque de propagation du virus.
Ainsi, Facebook analyse les déplacements des milliards d’utilisateurs du réseau. Le but est de déterminer leur emplacement exact, leurs déplacements, les distances qu’ils parcourent, pour en déduire finalement l’efficacité des mesures de confinement prises jusqu’à présent. Facebook produit ensuite des graphiques représentant le nombre de visites dans chaque quartier.
Facebook utilise également des cartes de co-localisation. Celles-ci présentent les contacts entre plusieurs personnes se trouvant dans la même zone à un moment T.
Enfin, le réseau social s’appuie sur les liens d’amitié entre les utilisateurs pour analyser leurs potentielles rencontres lorsqu’ils sont dans des zones géographiques rapprochées et donc leurs potentielles contaminations.
Cette analyse des connexions entre zones géographiques et personnes permet également d’afficher l’étendue des connexions des utilisateurs sur un lieu en particulier, par rapport au reste du pays et à l’échelle planétaire. L’objectif étant de mettre en avant les lieux les plus connectés, étant les plus à-risque et donc les plus susceptibles de devenir des foyers de l’épidémie.
La carte est disponible en ligne ICI.
Les données issues de Google
Les outils utilisés par Google sont relativement semblables à ceux de Facebook. A la différence près que Google permet de compléter les informations pour un champ d’action plus large. Grâce à la puce GPS des smartphones et à l’utilisation de l’application Google Maps, Google peut suivre des millions d’utilisateurs.
Google s’est joint au projet en partageant ces données dans 131 pays, ce qui représente des milliards de personnes.
Ces données collectées sont présentées sous forme de graphiques pour chaque pays et/ou région. Ils permettent de comparer l’affluence des dernières semaines dans des lieux publics comme les gares, les pharmacies ou encore les centres commerciaux.
Les recherches effectuées par les internautes pourraient également être prises en compte pour permettre à l’équipe de chercheurs de « surveiller les évolutions au fil du temps » et donc « d’anticiper l’activité du Covid-19 plusieurs semaines à l’avance », nous apprend le communiqué de l’université.
Un sondage a également été proposé aux utilisateurs américains de Google et de Facebook afin de connaitre les symptômes des personnes infectées par le Covid-19. Ce questionnaire est centré sur les symptômes généraux, à savoir : fièvre, toux, difficultés respiratoires ou encore perte d’odorat. Ces informations sont directement recueillies par l’équipe de chercheurs qui les gèrent. Elles se sont pas partagées avec Google ni Facebook.
À (re)lire : Fonctionnement, confidentialité : le point sur le “contact tracking” de Google et Apple contre le Covid-19
Des premiers résultats encourageants pour les sondages
Les premiers résultats déjà collectés sont plutôt encourageants. « Je suis très content des résultats des sondages de Facebook et Google. Ils ont tout deux dépassé mes attentes. », se félicite Ryan Tibshirani, chercheur de l’équipe en charge du projet.
Du côté de Facebook, près d’un million de réponses hebdomadaires ont été collectées. Chez Google, on compte pas moins de 600 000 réponses quotidiennes.
D’après les chercheurs, cette participation devrait permettre « une bonne couverture des 601 comtés américains qui comptent au moins 100.000 habitants ».
Après quelques vérifications, l’équipe indique que les données recueillies « correspondent bien aux cas de la maladie confirmés par des tests, ce qui laisse penser que les rapports donnés [par les utilisateurs] sur leur santé pourraient bientôt aider les chercheurs à prévoir l’activité du Covid-19 ».
« Grâce à sa communauté regroupant des milliards de personnes à travers le monde, Facebook est dans une position unique pour aider les chercheurs et les autorités sanitaires à avoir accès à l’information dont ils ont besoin pour répondre à l’épidémie et pour commencer à prévoir la reprise », précise Marc Zuckerberg.
Le patron de Facebook se félicite de pouvoir aider les autorités sanitaires et les gouvernements à anticiper la propagation du virus et les besoins en équipements du personnel soignant, afin de sortir au plus vite de cette situation exceptionnelle. Selon lui, le sondage devrait être déployé dans d’autres pays dans les semaines à venir.
Un rapport de Google pour la France par région
Ces rapports, destinés aux responsables de santé publique, Google compte bien les étendre à d’autres pays.
En ce qui concerne la France, un document PDF de 10 pages est téléchargeable ICI.
Ce rapport est détaillé par région et présente 6 catégories différentes : Commerce & Loisirs, Épicerie et Pharmacie, Parcs, Stations de transit, Lieu de travail et Résidence.
Ces graphiques mettent en évidence le respect du confinement, et une augmentation des déplacements dans les quartiers autour des lieux de vie. Les déplacements vers les parcs et même vers les lieux de travail ont chuté du fait du télétravail proposé en masse par beaucoup d’entreprises.
Ces rapports mettent en avant les tendances sur plusieurs semaines. Ils permettent de distinguer les données receuillies avant le confinement (ici du 16 Février 2019 au 16 mars 2019) et pendant le confinement (du 17 mars à aujourd’hui).
Les données les plus récentes sont collectées dans les 48 heures à 72 dernières heures, ce qui permet une vision relativement fiable et récente des résultats.
Protection des données et confidentialité
Pour assurer une réussite maximale à ce projet, l’équipe de chercheurs a multiplié ses partenariats. Elle s’est non seulement associée à Google et Facebook, mais aussi à un assureur et à un fournisseur de tests. Des partenariats qui inquiètent les utilisateurs sur la protection de leurs données.
Après le scandale de l’affaire Cambridge Analytica sur la gestion des données personnelles par Facebook, Marc Zuckerberg insite sur « les mesures de protection de la vie privée » précisant que « Seuls les chercheurs de Carnegie Mellon voient les réponses individuelles au questionnaire – et Facebook ne voit que les données agrégées ».
Google non plus n’aura pas accès aux résultats du sondage, et les données seront donc uniquement utilisées par les chercheurs.
Facebook assure également que les outils mis à disposition des chercheurs permettent uniquement de suivre les tendances générales de la population et non d’identifier les individus.
En ce qui concerne les rapports de Google, le groupe assure que les données seront compilées et anonymisées. Les données intégrées à l’étude ne concernent que les personnes ayant activé l’Historique des positions dans les réglages de Google Maps.
Pour les personnes les plus inquiètes au sujet de ce « tracking », ces collectes de données peuvent être évitées. Il suffit de se connecter à la page Google – Mon activité, puis de cliquer sur « Commandes relatives à l’activité » et de désactiver les options « Activité sur le Web et les applications » et « Historique des positions ».
Google précise également qu’une fois l’épidémie terminée, ces rapports ainsi que le site relayant ces données ne seront plus en ligne, et les données ne seront plus partagées.
Cette cartographie du virus à l’échelle mondiale est essentielle pour que les gouvernements préparent au mieux la phase de déconfinement.
Une cartographie rendue possible grâce aux milliards d’utilisateurs et leurs données collectées par les géants de la Tech.
Côté confidentialité et protection des données, tout semble être mis en place afin de respecter au maximum la vie privée et l’anonymat de chacun.
Ce n’est pas l’unique côté Tech dans la lutte contre le Covid-19.
Le 10 avril dernier, Google, cette fois-ci associé à Apple lançait un API de « contact tracking ». Objectif : savoir si des personnes ont été en contact d’autres touchées par le Covid-19.
Espérons que ces initiatives, couplées à l’effort collectif, nous sortiront le plus rapidement de cette crise sanitaire mondiale.
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