La mission DART de la NASA vient de décoller !
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Mercredi 24 novembre, la NASA et SpaceX ont lancé une sonde expérimentale de déviation d’astéroïdes dans le cadre de la mission DART (Double Asteroid Redirection Test). Grâce à ce test historique ayant pour but de dévier la trajectoire d’un astéroïde, la NASA espère améliorer les moyens de défense planétaire dans le cas où un astéroïde devrait entrer en collision avec la Terre. Retour sur cette mission d’essai inédite qui pourrait sauver notre planète.
Un dispositif de défense planétaire
La mission DART, fait partie du programme de défense planétaire de la NASA, lancé à la fin des années 90, et a pour but de tester la déviation d’un astéroïde susceptible de s’écraser sur la Terre. Cette démonstration de la NASA doit permettre d’évaluer pour la première fois l’utilisation de la technologie d’impact cinétique d’un engin spatial pour modifier la trajectoire et la vitesse d’un astéroïde.
Pour cette mission, la sonde spatiale DART, lancée à une vitesse de 23 700 km/h, devra percuter l’astéroïde binaire Didymos. Il est composé de Dimorphos, qui est en orbite autour d’un satellite plus grand baptisé Didymos, et qui est situé à 11 millions de kilomètres de la Terre. Pour le moment, ni Dimorphos, ni Didymos ne représentent une menace imminente pour la Terre, bien que Didymos soit déjà suivi avec beaucoup d’attention puisqu’il est déjà passé à une distance relativement proche. Sa proximité relative à la Terre et sa configuration en double astéroïde en font une bonne cible d’entraînement.
Le vaisseau devrait « donner juste un léger coup à l’astéroïde », a expliqué lors d’une conférence de presse Nancy Chabot, du laboratoire de physique appliquée de l’université Johns Hopkins, chargée de conduire la mission en partenariat avec la NASA. L’objectif ici, n’est donc pas de détruire la lune-astéroïde Dimorphos, mais plutôt d’altérer légèrement son orbite sans pour autant toucher à l’orbite de Didymos, pour éviter tout danger potentiel pour la Terre.
La modification de sa période orbitale devrait ainsi permettre d’obtenir de nombreuses informations nécessaires à la réalisation d’une telle mission future, comme la structure de l’objet impacté, la nature des matériaux dont il est composé ou encore l’impact des éjectas projetés dans l’espace.
La NASA a précisé qu’aucun danger n’était pour le moment à déplorer, mais que l’objectif de DART est de tester dès maintenant un dispositif de défense planétaire, qui pourrait servir à des générations futures.
Le coût total du projet est estimé à environ 330 millions de dollars, soit environ 293 millions d’euros.
Un double astéroïde impressionnant
Les objets géocroiseurs sont des corps célestes (astéroïdes ou comètes) dont l’orbite autour du Soleil coupe celle de la Terre ou s’en rapproche énormément et qui peuvent, à terme, s’écraser sur Terre. Lorsque leur trajectoire les amène à pénétrer l’atmosphère terrestre, la plupart de ces objets géocroiseurs de petite taille se désintègrent immédiatement dans l’atmosphère. Mais les plus gros corps célestes résistent à leur rentrée atmosphérique et peuvent par conséquent créer des dégâts irrémédiables en fonction de leur densité, de leur vitesse mais également de leur trajectoire.
Avec leur haut potentiel de danger, et à la suite de l’impact de la comète Shoemaker-Levy 9 sur la planète Jupiter, la NASA a été chargée de détecter et de mesurer les caractéristiques orbitales de 90% des objets géocroiseurs de plus d’un kilomètre de diamètre.
Selon le programme de défense planétaire de l’agence spatiale américaine, on recense aujourd’hui plus de 27 500 astéroïdes, toutes tailles confondues, situés à proximité de la Terre. Mais ceux-ci ne représentent aucun danger pour la centaine d’années à venir, puisque ces astéroïdes ne croisent que très rarement la trajectoire de la Terre.
Cependant, de nombreux experts estiment qu’ils n’ont connaissance que de 40% des astéroïdes mesurant 140m et plus, ceux qui sont capables de dévaster une région entière, et qu’il reste encore beaucoup à en découvrir. C’est pourquoi la NASA a décidé de s’intéresser pour cette mission à des astéroïdes de cette taille, afin de se prémunir de leur potentiel impact, parfois imprévisible dans le cas d’astéroïdes encore inconnus.
Ici, l’astéroïde Dimorphos mesure 160m de diamètre et gravite autour de Didymos, qui mesure quant à lui 780m de diamètre. Après le choc initié par le vaisseau, l’orbite de Dimorphos devrait être réduite d’environ 1%. Actuellement, Dimorphos fait le tour de Didymos en 11 heures et 55 minutes. A la fin de cette mission, il devrait le faire avec une dizaine de minutes en moins. Il s’agit donc d’un infime changement, mais qui pourrait permettre de dévier un astéroïde ayant une trajectoire de collision avec la Terre. Après la collision, une vérification via des télescopes depuis la Terre sera effectuée pour vérifier la nouvelle orbite de Dimorphos.
Un lancement réussi
Pour lancer la mission, la NASA a fait appel à SpaceX, la société d’Elon Musk. Il s’agira donc pour ce lancement à la fois de la première mission de défense planétaire de la NASA, mais également de la première mission de SpaceX consistant à lancer un vaisseau spatial vers un autre corps céleste.
La mission a décollé avec succès le mardi 23 novembre à 22H21, depuis la base aérienne de Vandenberg, en Californie, à bord d’une fusée Falcon 9. Placé sur une orbite héliocentrique, le vaisseau devra percuter Dimorphos à 6 km/s fin septembre 2022, soit 10 mois après son lancement.
Le vaisseau spatial DART de 610 kg, et d’une envergure de 19 mètres, a été construit par le laboratoire de physique appliquée de Johns Hopkins dans le Maryland, et la société spatiale Redwire a contribué à la navigation du vaisseau spatial ainsi qu’aux panneaux solaires qui permettront de l’alimenter.
L’engin spatial est équipé d’une caméra et d’un moteur ionique, nécessaires à sa navigation. Un nano-satellite d’observation conçu par l’agence spatiale italienne accompagnera le vaisseau. Appelé LICIACube (pour Light Italian CubeSat for Imaging Asteroids) et composé de deux caméras, ce nano-satellite est chargé de collecter des images et des données permettant de mesurer les résultats de l’impact. Pour ce faire, il se séparera du vaisseau principal une dizaine de jours avant l’événement afin de pouvoir mieux filmer l’impact et retransmettre au plus vite les images à la Terre.
Des observations complémentaires seront ensuite réalisées grâce à la mission HERA, menée par l’Agence spatiale européenne. Cette mission décollera en 2024, avant de se placer en orbite autour de Didymos vers 2026, et a pour but d’observer de plus près le résultat de l’impact, ainsi que d’obtenir plus d’informations sur les propriétés physiques de la cible et sa structure interne.
Ensemble, DART et HERA permettront d’obtenir un test de déviation complet, et de vérifier l’intérêt de l’utilisation de la technique de l’imposteur cinétique.
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Grâce à cet « essai historique », la NASA espère améliorer sa compréhension de la physique des impacts sur les astéroïdes, tout en apportant aux scientifiques des informations complémentaires sur la formation de ce type de corps céleste. Une expérience qui rappelle des films de science-fiction, mais qui pourrait, si elle atteint son but, éviter une catastrophe planétaire dans le cas de la collision future d’un astéroïde avec la Terre.
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