Fonctionnement, confidentialité : le point sur le “contact tracking” de Google et Apple contre le Covid-19
Alors que certains pays entament déjà le stade de déconfinement et que celui de la France a été fixé au 11 mai 2020, les entreprises s’activent pour proposer leur contribution dans la lutte contre cette pandémie de coronavirus.
C’est notamment le cas d’Apple et de Google, qui ont annoncé le 10 avril dernier le lancement d’un partenariat. Celui-ci consiste en un suivi numérique des individus ayant côtoyé des personnes infectées par le Covid-19.
Ce partenariat s’inscrit « dans le but d’aider les gouvernements et les agences de santé à réduire la propagation du virus », tout « en intégrant la confidentialité et la sécurité des utilisateurs au coeur de la conception ».
Grâce à cette API de « contact tracking », développée par les deux géants américains, les utilisateurs pourront savoir s’ils ont été en contact avec une personne testée positive au Covid-19 et ainsi réagir en conséquence.
De cette manière la propagation devrait être mieux contrôlée pour éviter de nouvelles vagues de contamination lors des déconfinements.
Fonctionnement de l’API & compatibilité iOS/Androïd
Pour fonctionner de manière optimale, l’application sera intéropérable. Un smartphone sous Android pourra donc communiquer avec un iPhone (iOS).
L’API fonctionnera à l’aide de la technologie Bluetooth Low Energy (BLE), et permettra d’alerter une personne si elle a été en contact avec un porteur du Covid-19.
L’application permettra également de préciser approximativement où cette rencontre a eu lieu, ainsi que la durée de l’exposition au virus. Le but est de mettre l’accent uniquement sur des personnes ayant été à proximité au moins plusieurs minutes d’un porteur du virus. L’application n’alertera donc pas quelqu’un si elle croise un porteur du virus seulement quelques secondes et à plusieurs mètres de distance.
Pour mieux appréhender son fonctionnement, les deux groupes présentent un visuel de deux personnes avec des téléphones reliés en bluetooth et ayant eu une conversation de dix minutes.
Quelques jours plus tard, l’une des deux personnes apprend qu’elle est touchée par le virus du Covid-19. Elle pourra choisir d’ajouter cette information dans son application. L’application recherchera ensuite les personnes potentiellement touchées avec lesquelles le patient a été en contact durant les 14 jours précédents. Puis elle enverra une notification à toutes ces personnes, les invitant à suivre les consignes des autorités sanitaires et à réaliser un test de dépistage si nécessaire.
La solution proposée par Google et Apple comprendra « des interfaces de programmation d’applications (API) et une technologie au niveau du système d’exploitation pour aider à activer le suivi des contacts », ont précisé les deux firmes.
Quelle efficacité pour l’application ?
Ce système mis en place par les deux entreprises se base sur du volontariat : il ne sera en aucun cas obligatoire.
Il est donc difficile de savoir à l’avance le pourcentage de personnes c décideront d’utiliser l’application.
Si l’utilisation n’est pas assez large ou si un patient positif au Covid-19 refuse d’être mentionné, le système en lui-même perdra de son efficacité.
Par ailleurs, s’il est vrai que les personnes ayant été en contact avec un porteur du virus seront invitées à suivre les consignes de santé publique, rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’elles le feront.
D’autres paramètres influencent le bon fonctionnement de l’application. C’est le cas du taux de personnes ne possédant pas de smartphone, ainsi que celui des personnes manquant de compétences numériques. C’est notamment le cas chez les seniors, qui restent la partie de la population la plus touchée par les formes graves du virus.
Un autre problème auquel se confrontent aujourd’hui Google et Apple : l’imprécision de Bluetooth. En effet, la collecte des données de durée et de distance reste approximative. Pourtant elles sont essentielles à l’efficacité de l’application, permettant d’éviter les fausses alertes.
La protection des données et la confidentialité : un enjeu clé
Avec un procédé de « tracking », la question de la protection des données personnelles est au coeur du sujet.
Pour un fonctionnement optimal de l’outil développé par Google et Apple, un consentement explicite de l’utilisateur sera nécessaire. L’outil fonctionnant sur la base du volontariat, rien n’est imposé à l’utilisateur.
Les deux entreprises affirment que l’ensemble des données collectées seront traitées sur l’appareil. Elles ne quitteront donc pas le téléphone de l’utilisateur tant que celui-ci ne décide pas de les partager.
Seules les autorités de santé publique seront en mesure d’utilise une recherche de contacts pour gérer au mieux la propagation du virus.
Les données seront envoyées via des serveurs directement gérés par les organisations de santé. Ces données seront cryptées et décentralisées pour assurer un maximum de confidentialité.
Aussi, lorsque deux personnes entrent en contact, leur téléphone se sert du BLE pour transmettre un code aléatoire et anonyme aux appareils proches. Ce code éphémère changera toutes les 15 minutes, permettant ainsi d’éviter le suivi sans fil d’un appareil.
Autre allié des données personnelles : le Bluetooth.
L’utilisation du Bluetooth dans ce système n’est pas anodine. En effet, le Bluetooth est souvent cité comme un compromis entre une bonne efficacité de l’application et une protection efficiente des données.
Elle apparait plus adaptée en termes d’anonymat, que le traçage GPS ou encore le bornage téléphonique qui fait appel aux antennes relais des opérateurs.
Enfin, les deux géants de la Tech précisent que leur plateforme ne sera utilisée que dans le but de mettre fin à la pandémie. Dès qu’elle sera finie, leur plateforme ainsi que les données collectées seront intégralement supprimées.
Bien que rassurants face à la confidentialité, les représentants d’Apple et de Google se sont prêtés à une session de questions-réponses, relayée par TechCrunch . A cette occasion, ils ont indiqué qu’aucun système n’était complètement sécurisé à 100%.
Les représentants ont expliqué que des actes malveillants extérieurs étaient envisageables, comme c’est le cas pour chaque application. Ainsi, ils concèdent ne pas être à l’abri de serveurs piratés ou de données perdues.
Une mise en place rapide
Cela fait déjà plusieurs jours que les deux géants de la Tech travaillent sur leur projet, espérant une mise en service pour ce mois de mai. D’après le communiqué en question, la mise en place se fera en deux temps.
Dans un premier temps, courant mai, les deux acteurs mettront à disposition leurs API de traçage aux organisations de santé publique pour un usage limité et exclusif, permettant ainsi d’éviter tout abus.
Ces autorités de santé intègreront la solution d’Apple et de Google dans leurs propres applications de santé téléchargeables sur Google Pay et l’App Store.
De cette manière, les résultats positifs pourront être communiqués plus facilement ainsi que les potentiels contacts avec des personnes infectées.
Les deux firmes comptent également proposer des applications prêtes à l’emploi à destination des institutions publiques qui manquent de moyens ou de temps pour parer à l’urgence de l’épidémie.
Dans un deuxième temps, les deux groupes lanceront leur plateforme de suivi. « Une solution plus robuste qu’une API et qui permettrait à davantage de personnes de participer, si elles choisissent d’y adhérer, ainsi qui permettrait des interactions avec un écosystème plus large d’applications et les autorités sanitaires gouvernementales ».
Par la suite, les deux firmes souhaitent intégrer leur solution au sein même d’iOS et d’Android, afin de ne plus dépendre d’une application et d’avoir donc un suivi permanent en natif.
Une utilisation à venir du gouvernement français pour son application “StopCovid” ?
Actuellement, le gouvernement développe sa propre application de « tracking » baptisée « StopCovid ».
Fonctionnant elle-aussi via Bluetooth, elle aura pour fonctions de suivre les personnes infectées et de prévenir celles ayant été en contact avec des patients testés positifs.
Ces différents projets ont pour finalité d’éradiquer au plus vite la pandémie. Peu d’informations sur le fonctionnement même de l’application ont été dévoilées. Si l’application sera développée par la France, une aide extérieure peut être envisagée.
Cédric O, le secrétaire d’État au Numérique avait indiqué à BFM Tech « Il n’y a pas de religion là-dessus. Si une solution privée respecte toutes les règles édictées, notamment en termes de gratuité, de volontariat et de protection des données personnelles, elle sera regardée ».
Face à l’urgence et le timing délicat, pour faire fonctionner son application la France pourrait donc bien s’appuyer sur la technologie développée par Apple et Google.
Face à cette crise sanitaire mondiale, la technologie se révèle une nouvelle fois une alliée de taille du secteur de la santé.
Grâce à ce type d’application et de plateforme, le suivi de la propagation du virus pourrait être beaucoup plus efficace.
Objectif : éviter aux Etats d’être confrontés à de nouvelles vagues de propagation dans les mois qui suivront le déconfinement pour sortir au plus vite de cette situation.
En revanche, les utilisateurs devront être informés sur l’utilisation et le stockage de leurs données sur ces applications.
L’ensemble des acteurs, que ce soit Apple, Google, ainsi que les gouvernements et organisations, devront donc être totalement transparents afin de rassurer un maximum la population.
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