Jallume ma rue” : une application pour gérer léclairage public

 

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Et si vous gériez l’éclairage public de votre ville en fonction de vos besoins ? 

C’est le concept développé par un ingénieur de l’Eure, afin de réduire les frais d’éclairage public et la consommation d’énergie, tout en proposant une solution adéquate aux habitants. 

Cette solution, baptisée “J’allume ma rue”, permet aux citoyens de piloter en toute simplicité les lampadaires de leur rue en fonction de leur besoin.

Retour sur ce système ingénieux dans notre article de la semaine.

 

Une utilisation simplifiée et gratuite pour tous

En 2017, Olivier Bozzetto, ingénieur en R&D réalisant de la programmation pour l’électronique embarquée et la domotique, s’interroge sur une solution idéale pour réguler la consommation énergétique liée à l’éclairage public.

C’est alors qu’est née “Jallume ma rue”, son invention proposant une alternative aux solutions actuelles.

Concrètement, “J’allume” se présente comme une page web permettant de rallumer son éclairage public. Une fois sur le site ou l’application, les habitants peuvent appuyer sur le bouton “ampoule”, permettant alors d’activer l’éclairage à l’endroit où ils en ont besoin.
Les informations sont traitées et analysées pour confirmer la position géographique et, grâce à la géolocalisation du smartphone, l’application envoie une demande d’allumage à l’armoire électrique de la zone traversée.

Pour fonctionner, une horloge astronomique de commande connectée, permettant aux lampadaires de communiquer entre eux grâce à l’IoT (Internet des Objets), a été placée dans chaque armoire d’éclairage public, pilotant en moyenne 20 à 25 lampadaires chacune.

Au bout de quinze minutes, les lampadaires s’éteignent automatiquement. Si la personne ayant commandé l’allumage continue de se déplacer, les zones traversées s’allument et s’éteignent automatiquement au fil de son itinéraire. Cette durée d’illumination après allumage est paramétrable par les communes.

Le produit est adaptable à tous types de systèmes d’éclairage public et est intégralement fabriqué en France. Il permet également aux services techniques d’accéder à des informations complémentaires comme la consommation ou l’alimentation afin de vérifier l’état du réseau.

L’application, très facile d’utilisation, est gratuite et garantit l’anonymat des utilisateurs.

 

Des économies pour les villes

Selon un rapport de l’ADEME (agence de la transition écologique), portant sur les différentes collectivités locales, les réductions de consommation “ont porté principalement sur les dépenses d’éclairage public : changement des lampes, extinction partielle des feux au cours de la nuit dans les petites communes, baisse d’intensité pour les grandes villes. »

Ici, avec le dispositif « J’allume », l’investissement pour la collectivité est en général assez bas puisqu’il représente quelques centaines d’euros seulement par coffre, avec des garanties d’économies d’énergie évaluées entre 20 % et 30 % sur une année.
Un investissement vite amorti et dégressif à mesure que le nombre d’armoires équipées augmente.

Dans la municipalité de Pont-de-l’Arche, où a été testé en premier le système en 2017, l’éclairage public est coupé entre 23h et 5h du matin. Grâce à cette option de minuterie supplémentaire sur demande, les habitants profitent d’un système adapté à leur besoin. Pour la ville, ce sont des économies de l’ordre de 7 000 € à 8 000 € les premières années, et jusqu’à 15 000 € plus récemment.

Depuis, l’application a trouvé sa place dans la ville de Lisieux pour un essai fin 2018. Une ville idéale pour développer cette offre puisque depuis 2015, Lisieux n’est plus éclairée entre minuit et 4h30, à l’exception des ronds-points situés aux entrées de la ville et des zones couvertes par la vidéo-protection.

Le coût du service pour Lisieux s’est élevé à 8 000€ et aurait déjà permis, d’après le maire de la ville Bernard Aubril, d’économiser entre 20 000 € et 30 000 € par an, passée la première année d’amortissement de l’installation du système.

Suite aux confinements établis dans le pays, l’engouement pour ce système a connu une véritable hausse en 2020.
Le créateur du service a expliqué avoir été contacté par de nombreux maires en France qui souhaitent obtenir plus d’informations sur son système.
En effet, le confinement a fait place à des restrictions budgétaires des municipalités, confrontées à la mise en place de solutions adaptées à cette période de pandémie, et l’éclairage public est donc revenu au centre des débats.

L’énergie des villes est un gros poste de dépenses, et entre le confinement et le couvre-feu, la solution d’Oliver Bozzetto semble plus qu’adéquate.

 

 

Une solution pour rassurer les habitants

Dans les villes où les lampadaires cessent de fonctionner une partie de la nuit, de nombreux citoyens ont exprimé leur inquiétude de rentrer ou de sortir dans le noir. 

Avec cette application, les habitants disposent désormais d’un dispositif palliant à cette crainte, permettant ainsi de créer un climat de confiance au sein des villes et d’en renforcer la sécurité.

À Lisieux, plus de 400 Lexoviens sont désormais habitués à utiliser ce système lorsqu’ils en ont besoin.

 

 

Responsabiliser la population face aux enjeux environnementaux

Au-delà de l’aspect financier et rassurant qu’apporte le système, cette solution a également été pensée de manière participative, pour responsabiliser les habitants des villes sur les questions environnementales.

Ainsi, ils prennent conscience que l’éclairage public est un véritable service proposé par les villes, et qu’il est donc nécessaire de le réguler. Ils peuvent s’impliquer davantage dans la vie de leur commune en comprenant mieux les besoins de celle-ci.

Le maire de Pont-de-l’Arche, Richard Jacquet, qui craignait un usage abusif “type gadget” de l’application de la part des habitants, a été étonné de remarquer que contrairement à ses appréhensions, les habitants utilisaient ce service de manière très raisonnée.

Même si cette solution tient de belles promesses de développement et d’usages, un inconvénient majeur reste immuable : la possession d’un smartphone. En effet, seules les personnes possédant un smartphone peuvent utiliser cette application pour profiter de ses solutions.

D’après l’Arcep, 77% de la population française était équipée d’un smartphone fin 2019. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter et qui ne présage donc que du positif  pour l’utilisation de l’application, qui n’aurait pas pu fonctionner il y a encore quelques années.

 

Le service connecté “J’allume ma rue” a déjà fait ses preuves dans plusieurs villes et devrait continuer de connaître un bel essor dans les mois à venir.

Pendant cette période de confinement, les besoins en éclairage public de nuit sont moindres et nécessitent d’être adaptés, ce qui permettrait aux communes de réaliser d’importantes économies. 

En France, selon une enquête de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (ANPCEN), 79% des Français seraient favorables à la réduction de la durée d’éclairement nocturne.

 

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