Kinéis : La constellation de nanosatellites IoT prendra son envol en 2023
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À l’ère du NewSpace et de l’Internet des Objets (IoT), il est plus que jamais nécessaire de développer une connectivité mondiale grâce à un système satellitaire simple en termes d’utilisation, mais surtout abordable, et adaptable à de multiples secteurs. C’est le but de l’entreprise française Kinéis, créée en 2018 par le CNES (Agence Spatiale Française) et la société CLS (Collecte, Localisation, Satellites), qui a pour vocation de fournir des services d’IoT par satellite. On fait un point sur ce projet et son avancée dans notre article de la semaine.
Le projet Kinéis
Depuis plusieurs années, on assiste à l’émergence fracassante du NewSpace, permettant l’ouverture de l’espace à de nouveaux acteurs, pour la plupart privés, à de nouveaux pays, à de nouveaux secteurs d’application et pour de nouveaux objectifs. Il s’oppose directement au Old Space, dominé principalement par les surpuissances géostratégiques et militaires des États-Unis et de l’URSS, et visant des objectifs essentiellement stratégiques et politiques.
Aujourd’hui, les acteurs du NewSpace se multiplient, à l’instar de SpaceX, avec le déploiement de ses mini-satellites ou encore de Blue Origin, la société de Jeff Bezos. Mais si ces deux acteurs restent les plus emblématiques, ce mouvement regroupe en réalité plus de 1 000 entreprises, de taille plus ou moins importante, et provenant essentiellement des États-Unis. Leur objectif est simple : partir à la conquête de l’espace en démocratisant son accès aux entreprises, start-up ou encore aux instituts de recherche.
En France, l’acteur le plus emblématique est sans nul doute Kinéis, une start-up créée en 2018 par le CNES et CLS. Si la start-up est plutôt récente, elle est en réalité l’heureuse héritière du projet Argos, un système qui offre des services de localisation et de collecte de données bas débit depuis 1987 en bande UHF. Kinéis a donc été créée pour démocratiser la technologie Argos et la déployer à l’ensemble du marché de l’IoT pour multiplier les usages des professionnels et des particuliers grâce à des données satellitaires utiles et simples d’accès. Le tout avec une proposition d’entrée de gamme à un niveau de coût inférieur.
Ses services s’adressent aussi bien à des agences gouvernementales, des ONG ou même des sociétés privées. La start-up travaille par exemple avec le gouvernement australien pour suivre des troupeaux de buffles par satellite dans le but de mieux les diriger géographiquement, sans détérioration de l’environnement.
Déjà composée de sept satellites opérationnels et d’un nanosatellite prototype, Angels, la start-up a réussi à lever 100 millions d’euros pour financer une constellation de 25 nanosatellites « Made in France », l’installation de 20 stations au sol destinées à l’IoT et le développement de nouvelles infrastructures informatiques pour le renouvellement du système.
En novembre dernier, la start-up passait une nouvelle étape majeure (communiqué), en obtenant l’approbation de la Federal Communication Commission des États-Unis pour relier l’IoT aux États-Unis avec son projet de galaxie nanosatellite.
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Un lancement par RocketLab
Pour améliorer ses performances et offrir des résultats en temps quasi-réel, avec un rafraichissement des données toutes les 10 à 15 minutes, Kinéis a besoin de déployer davantage de satellites. La société prévoit donc de lancer, dans les années à venir, une flotte de 25 nouveaux modèles conçus par Hemeria et Thales Alenia Space, des nanosatellites. Cette nouvelle flotte de satellites devrait également permettre à la start-up de faire baisser ses coûts et ainsi de récupérer de nouveaux clients.
Pour lancer cette constellation, le toulousain Kinéis a choisi le micro-lanceur Rocket Lab. Le choix du lanceur, au détriment de modèles plus imposants comme l’européen Ariane notamment, s’explique par sa flexibilité technique et son approche personnalisée nécessaires à l’ouverture de l’intégralité du service de connectivité IoT spatiale de Kinéis. La taille des nanosatellites et de la constellation française a également été un choix déterminant. En effet, chaque satellite fera environ 25 kilos pour une taille de 0,2 x 0,2 x 0,4 mètre et seront lancés par paquet de 5, représentant 150kg par envoi, et ne nécessitant donc pas un gros lanceur. Les vols auront lieu au cours de l’année 2023 depuis la Nouvelle-Zélande avec 5 tirs de 5 satellites.
Les satellites, qui affichent une durée de vie de huit ans, seront lancés sur des orbites polaires héliosynchrones (SSO) à une altitude de 650km. Le Kick Stage d’Electron servira de véhicule de transfert orbital pour amener chaque satellite au plus près de son orbite finale, permettant à Kinéis d’optimiser la masse et la durée de vie de ses satellites.
Développés avec des industriels reconnus dans le domaine, les nanosatellites se présentent comme le compromis idéal entre miniaturisation, prix et hautes performances. Ils permettront d’ici 2030, de connecter, facilement et pour un prix abordable, les balises Argos et des millions de nouveaux objets à internet dans des secteurs diversifiés, comme les transports, l’énergie, l’agriculture ou encore la logistique.
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Un premier succès pour Kinéis
Fin 2019, le nanosatellite Angels était mis en orbite pour intégrer la constellation Argos. Après deux ans en orbite et l’arrivée de la fin de l’engagement contractuel signé entre les collaborateurs du projet, le nanosatellite industriel français Angels est un véritable succès et marque une nouvelle étape dans l’avancement de la constellation.
Le satellite a été lancé en 2019 en tant que charge utile secondaire par une fusée Soyouz et à été placé sur une orbite héliosynchrone à 500 km d’altitude. Angels utilise une plateforme au format CubeSat 12U, représentant un poids total de moins de 25kg. La charge utile a été considérablement allégée par rapport à l’équipement lancé à bord des satellites précédents. La masse du satellite passe de 18 à 2,5kg et il présente une consommation de 15 watts contre 40 pour ses prédécesseurs.
Conçu par le toulousain Hemeria en collaboration avec le CNES, le nanosatellite bénéficie pour le moment d’un très bon bilan, aussi bien en termes de fiabilité, de durée de vie que d’opérabilité nominale. Cinq fois plus performant et dix fois plus petit que ses prédécesseurs, Angels est une démonstration réussie des capacités de miniaturisation ainsi que d’agilité en vol grâce à des ruptures technologiques issues des industriels Hemeria, Thales Alenia Space, Syrlinks et l’institution publique le CNES.
Face au succès du nanosatellite, le CNES et Hemeria ont signé un accord d’extension de durée de vie de deux ans et demi.
Avec une première démonstration en orbite réussie pour le satellite Angels, Kinéis avance plus sereinement dans le déploiement de sa constellation. Reste à connaître la place qui sera occupée par les différents concurrents, toujours plus nombreux, dans ce NewSpace.
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