La NASA prépare la relève de l’ISS à l’horizon 2030
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Après plus de 20 ans de service, la Station Spatiale Internationale pourrait bientôt prendre sa retraite. La NASA prépare la fin de vie de l’ISS pour la fin de la décennie et organise sa relève, qui devrait être assurée par des sociétés privées cette fois-ci. Un moyen pour les Etats-Unis de ne pas perdre leur avance dans ce domaine.
Une fin inéluctable
Après avoir accueilli, depuis son lancement le 2 novembre 2000, plus de 3 000 expériences scientifiques et environ 4 200 chercheurs du monde entier, l’ISS et son laboratoire de microgravité s’apprêtent à cesser d’opérer d’ici 2030. Construite initialement pour une durée de vie de 15 ans, l’ISS a déjà été reconduite plusieurs fois pour une exploitation prolongée.
Le 31 décembre dernier, l’administrateur de la NASA, Bill Nelson, a annoncé dans un communiqué, que l’administration Biden-Harris prolongeait les opérations de la Station spatiale internationale jusqu’en 2030, en collaboration avec ses partenaires internationaux en Europe (ESA, Agence spatiale européenne), au Japon (JAXA, Agence japonaise d’exploration aérospatiale), au Canada (ASC, Agence spatiale canadienne) et en Russie (State Space Corporation Roscosmos).
Une prolongation qui permettra de poursuivre des recherches révolutionnaires mais qui nécessitera une surveillance accrue. En effet, lors de précédentes missions, des astronautes ont pu observer les premiers signes de vieillissement de la station comme des fissures dans le module Zarya, signalées par des astronautes russes en août dernier, des pertes d’altitude ou encore des fuites d’air signalées en 2019 et 2021. En juillet, dans le segment russe de la station, le module Zvezda a subi une chute de pression alors que les propulseurs du module Nauka se sont quant à eux, allumés seuls. Des incidents sans blessés fort heureusement, mais qui soulignent la dégradation progressive de la structure.
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Un passage de relais à des sociétés privées
Alors que la fin de l’ISS arrive à grands pas, la NASA ne prévoit pas de recréer une nouvelle ISS pour la remplacer. En cause, les coûts considérables d’entretien d’une telle station et les ambitions lunaires de la NASA avec le projet d’une station spatiale en orbite autour de la Lune (Lunar Gateway). A la place, la NASA compte louer les services d’entreprises privées qui prendront le relais de l’ISS, afin d’assurer aux Etats-Unis une présence continue en orbite basse, sans pour autant financer les coûts d’une station spatiale.
Pour ce faire, La NASA vient d’annoncer dans un communiqué la signature début décembre d’accords pour développer la conception de stations spatiales et d’autres destinations commerciales dans l’espace avec trois sociétés américaines. Ces sociétés privées, Blue Origin, Nanoracks et Northrop Grumman, se verront respectivement attribuer 130, 160 et 125,6 millions de dollars.
Développée avec le géant Boeing et l’entreprise Sierra Space, la future station de Blue Origin, l’entreprise de Jeff Bezos, sera baptisée Orbital Reef et devrait être opérationnelle entre 2025 et 2030. Elle prévoit d’accueillir jusqu’à 10 personnes, à des fins touristiques, commerciales ou scientifiques.
La station de Nanoracks, baptisée Starlab, et conçue avec Lockheed Martin prévoit un lancement en 2027 avec une capacité de quatre astronautes à son bord pour un volume similaire à celui de l’ISS.
Enfin, la station de Northrop Grumman sera utilisée par les acteurs de différents secteurs, comme la science et le tourisme.
En janvier 2020, l’agence spatiale américaine avait déjà signé un contrat de 140 millions de dollars avec la société Axiom Space, qui prévoit un projet similaire, à la seule différence que cette station sera dans un premier temps rattachée à l’ISS avant de devenir indépendante.
Avec ces projets privés de stations spatiales, la NASA s’assure une présence sans interruption et espère pouvoir envoyer à terme deux astronautes en orbite en continu, et réaliser ainsi près de 200 expériences par an. Rappelons qu’à l’heure actuelle, en plus de l’ISS, il n’existe qu’une seule autre station spatiale en orbite basse, la « China Space Station », active depuis avril 2021.
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Une fin d’exploitation pour 2030
Pour la Nasa, le problème majeur qui se pose pour le moment, reste la manière de mettre hors-service et de désorbiter l’ISS. En effet, ce mastodonte, qui avait nécessité plus de 40 lancements de modules et de vaisseaux pour être mis en orbite, pèse près de 420 tonnes et ne peut donc pas être rapatrié facilement sur Terre. Il va notamment nécessiter une approche méticuleuse pour s’assurer qu’aucun débris ne retombe sur Terre dans des zones habitées.
La solution de démontage “module par module” pour ramener l’ISS au sol semble à l’heure actuelle peu envisageable, notamment à cause du coût spectaculaire qu’elle représenterait. La NASA a indiqué qu’il était donc probable que l’ISS soit désorbitée au cours de cette décennie, une fois sa fin de vie avérée. Si la NASA poursuit cette voie très risquée pour la fin de vie de l’ISS, la technique choisie sera semblable à celle utilisée pour désorbiter l’ancienne station Mir en 2001. Ainsi, l’agence spatiale américaine réduirait petit à petit l’altitude de l’ISS entre 2026 et 2028, pour lui permettre de rentrer progressivement dans l’atmosphère, avant de retourner sur Terre en 2030.
Néanmoins, lors de sa désorbitation, l’atmosphère pourrait ne pas brûler complètement la station, notamment à cause de sa taille de la longueur d’un terrain de football. Des débris pourraient ainsi retomber sur Terre, et en fonction de leur taille et de l’endroit où ils atterrissent, causer d’importants dommages. La NASA prévoit pour cela un lieu de chute dirigé dans une zone inhabitée du Pacifique-Sud.
Si c’est cette solution qui est finalement choisie, le coût de la désorbitation de l’ISS devrait atteindre un milliard de dollars, réparti entre les différents pays ayant utilisé la station depuis sa mise en orbite.
Malgré une fin de vie de plus en plus proche, l’ISS aura porté de nombreux projets à son bord, et devrait également permettre d’inspirer de nouvelles missions grâce à la création de nouvelles stations spatiales privées avant 2030. Même si de nombreuses craintes quant à sa fin de vie et à son retour sur Terre persistent, la NASA dispose de quelques années devant elle pour travailler sur la solution la plus adéquate et surtout sans danger pour la Terre.
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