La RATP teste un dispositif basé sur l’IA pour gérer les flux de la ligne 14

 

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La RATP vient de lancer une expérimentation sur la ligne 14 mardi dernier, le 25 mai 2021, afin de mieux gérer les flux sur les quais du métro parisien.

Testé à la station Gare de Lyon, ce dispositif mise sur l’Intelligence Artificielle (IA) pour fluidifier les déplacements et éviter les encombrements sur le quai en temps réel.
Une expérimentation prévue pour une durée d’au moins trois mois, qui pourrait s’exporter à d’autres stations par la suite si elle s’avère concluante.

 

 

Un dispositif innovant

Ceux qui ont déjà emprunté au moins une fois le métro, notamment le métro parisien, savent qu’il est très courant de se retrouver au milieu d’un flux impressionnant de voyageurs, allongeant le temps de trajet notamment aux heures de pointes.
Bien qu’automatique et avec des métros à intervalles très réguliers, la ligne 14, qui dessert des stations importantes, est l’une des plus empruntées de la capitale.
Avec le prolongement imminent de la ligne, la RATP a décidé de tester un dispositif dynamique et innovant, basé sur l’Intelligence artificielle (IA), pour fluidifier en temps réel les flux sur les quais de la station Gare de Lyon.

Le dispositif repose sur les caméras de vidéoprotection déjà présentes sur les quais, couplées à l’IA, afin de calculer en temps réel la densité de voyageurs sur le quai. Concrètement, le quai sera divisé en douze carrés virtuels, au sein desquels le logiciel devra compter en temps réel les silhouettes des voyageurs, grâce au dispositif de vision par ordinateur. 

L’IA s’occupe ensuite d’analyser ces données et de les retransmettre en temps réel sur un écran d’informations, placé avant les lignes principales de contrôle permettant d’accéder à la ligne 14.
La densité de personnes sur le quai sera représentée à l’aide d’un système de pictogrammes de couleurs, passant par le rouge pour les zones saturées, le orange pour les zones plus denses et le gris pour les zones plutôt vides.

L’IA proposera alors des solutions pour fluidifier la situation en proposant un parcours alternatif via un message présentant les autres lignes pouvant desservir les gares de la ligne 14, comme la station Châtelet qui est également desservie au départ de Gare de Lyon par la ligne 1, le RER A ou encore le RER D.
L’objectif principal étant de rendre les voyageurs acteurs de leur propre mobilité et de leur permettre de faire leurs choix en connaissance de cause.

 

 

Des solutions alternatives

Un écran similaire sera disponible directement au poste de commande centralisé (PCC) de la ligne de métro.
Ainsi, en fonction des différentes situations observées, la RATP sera également en capacité de proposer plusieurs solutions pour moduler le trafic et le fluidifier, tout en améliorant le parcours des voyageurs.
Elle aura alors recours à des annonces sonores pour informer les voyageurs de la situation, les inciter à se répartir sur l’ensemble du quai ou encore proposer aux voyageurs un itinéraire de substitution.

La RATP mettra également en place des agents sur les quais qui seront en charge de canaliser les voyageurs et de les orienter vers des stations en amont à celle de Gare de Lyon comme la station Bibliothèque François Mitterand, le tout dans le but de désemplir les quais et de contrôler le niveau de charge des trains à l’approche de Gare de Lyon.

Enfin, l’entreprise prévoit de mettre à disposition des voyageurs des navettes supplémentaires pour désemplir le flux trop important de voyageurs aux abords de la station et ainsi permettre aux voyageurs de disposer d’une solution de mobilité alternative.

 

 

Un dispositif soumis aux règles de la CNIL

Pour éviter les déconvenues récentes subies par la RATP à la suite du lancement de la technologie de détection du port du masque de la start-up Datakalab en 2020 dans un but de prévention face à la pandémie mondiale, la société à décidé de prendre toutes les mesures nécessaires pour informer les voyageurs et leur laisser le choix quant à leur participation.
La RATP s’est donc entretenue durant plusieurs mois avec la Commission Nationale de l’Informatique et de Libertés (CNIL) pour utiliser ce dispositif dans les meilleures conditions possibles.

La société a été scrupuleuse sur les obligations relatives au Règlement général sur la protection des données (RGPD), notamment avec la mise en place d’un droit d’opposition et la prise en compte des silhouettes des personnes de façon anonyme. Les données collectées seront anonymes afin de respecter les données personnelles en ne stockant ni diffusant aucune image. Seules les données d’ordre statistique seront donc conservées.

L’ensemble des éléments techniques, juridiques et d’informations de l’expérience ont été vus avec la CNIL qui a conclu en rendant un avis favorable sur le projet.

 

 

Un droit d’opposition pour les voyageurs

Les voyageurs seront tenus au courant de cette expérimentation grâce à une campagne d’affichage déployée en salle d’échange et également sur les quais de la station Gare de Lyon de la ligne 14.
S’ils ne souhaitent pas y prendre part, un parcours alternatif leur sera proposé, avec des zones dédiées sur les quais, représentant l’espace de deux voitures, où ils ne seront pas filmés et donc pas comptabilisés dans l’expérience.

Même avec ce pourcentage de voyageurs non comptabilisés, la RATP estime que les résultats resteront très proches de la réalité et assez pertinents pour mener à bien l’expérimentation.

 

 

Un million de voyages quotidiens

Cette expérimentation s’inscrit dans le cadre d’un programme visant à anticiper le futur flux de la ligne 14, une fois son prolongement terminé, jusqu’à Orly au sud et Saint-Denis-Pleyel au nord.
Avec l’ouverture du tronçon Sud, prévu pour 2024, l’entreprise prévoit une augmentation de la fréquentation d’environ à 50%, avec un nombre total de voyages quotidiens s’élevant à un million contre 500 000 à 600 000 à l’heure actuelle.

La gestion de la fluidité est donc un point primordial pour l’opérateur de transports publics, qui travaille maintenant depuis déjà plusieurs années à valoriser ses données pour améliorer au maximum l’expérience client.

 

 

Un déploiement potentiel sur d’autres stations

Le dispositif, qui fonctionne depuis seulement une semaine, laisse pour l’instant présager un meilleur fonctionnement et une meilleure gestion des flux.

Si les résultats sont concluants d’ici trois mois, l’entreprise envisage de déployer le dispositif à d’autres stations, et voire même, plus tard, à la ligne entière. 

Avec l’essor du métro parisien, avec le chantier du Grand Paris Express, la RATP doit mettre en place des solutions pour réguler au mieux le trafic, d’une part pour améliorer l’expérience des voyageurs mais également pour des raisons de sécurité.
Si cette expérimentation s’avère pleinement concluante, le dispositif pourrait rapidement être étendu, notamment en vue des Jeux Olympiques Paris 2024, qui risque de provoquer une affluence record sur le réseau.

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Photo de couverture : image d’illustration.