Projet Taara : Alphabet réalise une première liaison internet via faisceaux lumineux
Temps de lecture : 5 min
Le projet Taara d’Alphabet, la maison mère de Google, vient de franchir un nouveau cap.
Reprenant l’objectif de base du projet Loon, Taara a pour but de connecter les villes isolées en leur apportant un accès au réseau Internet.
En Afrique, Taara a réussi à envoyer 700 To de données via un faisceau lumineux de 20 Gbit/s entre Brazzaville et Kinshasa.
Une première liaison encourageante, qui pourrait permettre au projet de connecter le monde entier à internet, notamment les fameuses “zones blanches”.
Connecter les zones reculées à internet
En janvier dernier, Alphabet mettait fin à “Loon”, son projet visant à développer l’accès à internet au sein des zones les plus reculées de la planète, via des ballons stratosphériques.
Malgré plusieurs réussites technologiques jugées révolutionnaires, le projet s’est avéré peu viable sur le long terme, notamment au niveau commercial.
Néanmoins, certaines des technologies développées pour ce projet continuent d’être améliorées au sein de la division “X” de Google.
C’est notamment le cas des liaisons de communications optiques en espace libre (Free Space Optical Communications – FSOC), à l’origine déployées pour connecter les ballons volants à haute altitude du projet Loon.
Pour accélérer cette technologie, le laboratoire Moonshot X d’Alphabet a créé le projet Taara.
Les liaisons Taara devraient à terme aider à combler les lacunes de connectivité à certains points d’accès importants comme les tours de téléphonie cellulaire et les points d’accès Wi-Fi. Le tout en offrant la possibilité à des milliers de personnes d’accéder aux multiples avantages du web, aussi bien en termes d’éducation ou de commerce que de communication.
Développé comme un projet de fibre optique “sans fil”, le FSOC est capable de créer une liaison haut débit de plus de 20 Gbit/s sur des distances de plus de 20 km entre chaque terminal.
Côté technique, l’installation nécessite des pylônes capables de communiquer entre eux grâce à des faisceaux de lumière invisibles à l’œil nu.
Le pylône se charge ensuite d’émettre des ondes pour fournir une liaison sans fil à tous les appareils à portée.
Ainsi, Taara permettra de fournir une connectivité haut débit dans des zones difficiles à connecter à l’aide de câbles en fibre optique ou lorsque le déploiement de cette connectivité pourrait être trop coûteux ou dangereux, notamment dans des sites localisés autour de forêts, de plans d’eau, de voies ferrées ou des zones post-conflits.
Cette méthode devrait également être avantageuse en termes de coûts, puisqu’elle présente une empreinte au sol moindre, sans besoin de creuser une tranchée, et nécessite donc moins de travaux d’installation.
Taara pourra aussi profiter de certaines infrastructures déjà en place, comme les antennes-relais pour les liaisons mobiles par exemple, et fonctionner ainsi de manière transparente avec les environnements existants.
Une liaison réussie en Afrique centrale
Après plusieurs projets pilotes de Taara au Kenya et en Inde, c’est en Afrique centrale que X vient de réussir un nouvel exploit.
La société travaille actuellement à fournir une liaison haut débit en utilisant sa liaison optique sans fil pour connecter un service à travers le fleuve Congo, entre Brazzaville (République du Congo) et Kinshasa (République Démocratique du Congo).
Si la qualité de connexion à Brazzaville est plutôt correcte, elle est en revanche plus difficile, et surtout cinq fois plus chère, à Kinshasa.
Car si les deux villes ne sont qu’à moins de 5 km l’une de l’autre à vol d’oiseau, le fleuve Congo qui les sépare requiert l’utilisation de 400 kilomètres de câble pour contourner le fleuve.
Après 20 jours de tests, la liaison installée entre ces deux villes a permis de transmettre 700 To de données, à une vitesse atteignant 20 Gbit/s et d’offrir une disponibilité de 99,9%.
Le système est capable de s’ajuster automatiquement pour permettre aux miroirs de se connecter et ainsi de créer un faisceau lumineux de la largeur d’une baguette, assez précise pour toucher une cible de 5 centimètres à 10 kilomètres.
Si besoin, une équipe d’ingénieurs peut également intervenir à distance pour réaliser des ajustements précis avant d’avoir recours à des techniciens.
The Taara team built on Loon's work with wireless optical communications to refine and improve the technology. Today, Project Taara's links are beaming broadband across the Congo River — keeping Loon's vision of abundant, affordable connectivity aloft. https://t.co/F1uUBN2zAQ
— The Team at X (@Theteamatx) September 30, 2021
Ce test a également permis de vérifier le bon fonctionnement de la communication FSOC, en fonction des conditions météorologiques comme la brume, la pluie légère, l’humidité, mais aussi avec d’autres obstacles, comme le passage des oiseaux, pouvant gêner le flux laser.
En effet, pour établir une liaison, les faisceaux lumineux doivent avoir une vue directe entre eux.
C’est pourquoi cette technologie est plus adaptée à l’Afrique, au Moyen-Orient ou en Inde, où les conditions météorologiques sont globalement plus stables.
Les tests vont se poursuivre pour continuer à ajuster la puissance du laser ainsi que son pointage. Le pays sera le premier à bénéficier de cette technologie unique.
Des projets révolutionnaires et durables chez X
Ces dernières années, Google X (plus souvent désigné juste par un X) a développé plusieurs projets qui ont un but commun : utiliser des technologies révolutionnaires ayant pour but de changer la vie des gens, tout en devenant des entreprises durables.
Parmi ces projets, X a lancé la collection Loon, pour partager un maximum d’informations même si cette initiative a été abandonnée. Cet ensemble de données techniques, opérationnelles et scientifiques, ainsi que les données des capteurs de chaque vol des ballons Loon, est par exemple utilisé aujourd’hui dans des travaux sur le climat, notamment pour mieux comprendre le changement climatique.
X travaille également sur le projet “Tidal”, ayant pour but de développer de nouveaux outils pour préserver la biodiversité marine.
Le projet “Minéral”, quant à lui, utilise les dernières technologies en matière d’Intelligence Artificielle, de robotique et de capteurs pour analyser et mieux comprendre le monde végétal.
Cette meilleure compréhension doit permettre de trouver de nouveaux moyens de produire plus de nourriture, tout en préservant la planète.
En 2019, X obtenait aussi l’autorisation de la FAA pour utiliser son service “Wing” de drones de livraison autonomes pour améliorer l’accès aux marchandises, tout en décongestionnant le trafic dans les villes et en réduisant les émissions de CO2.
Plus récemment, début septembre, la société déployait ses taxis autonomes “ Waymo” à San Francisco, avec l’objectif de changer les habitudes de mobilité de milliers de personnes.
À l’heure actuelle, il existe encore de nombreuses zones reculées qui sont privées d’accès à Internet ou qui disposent de connexions difficiles.
Avec cette technologie de connexion par faisceaux lumineux, utilisée également pour la communication entre les satellites de Starlink par exemple, Alphabet espère proposer une nouvelle solution aux pays les moins bien équipés en la matière.
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Photo de couverture : image d’illustration.
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