« StopCovid » : tout savoir sur l’application de traçage lancée aujourd’hui en France
Temps de lecture : 5 min
C’est officiel ! L’application du gouvernement, “StopCovid” est disponible au téléchargement depuis ce jour, mardi 2 juin 2020.
Pour le moment, suite à un léger retard, elle est disponible uniquement sur le Play Store de Google (Androïd) ainsi que sur l’App Store d’Apple (iOS).
Il s’agit d’une application de traçage « volontaire » (elle ne sera donc pas installée à votre insu contrairement à ce qu’indiquaient certaines Fake News) des personnes ayant été en contact avec des malades infectés par le Covid-19.
Objectif : prévenir une potentielle seconde vague de l’épidémie dans une France déconfinée depuis bientôt un mois.
Dans son allocution du 28 mai dernier, le Premier Ministre Edouard Philippe disait qu’il invitait «tous ceux qui me regardent et tous nos citoyens à utiliser cet outil complémentaire pour se protéger et pour protéger les autres».
Fonctionnalités, utilité, et données personnelles… On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.
StopCovid : mieux vaut prévenir que guérir

Crédit : economie.gouv.fr
L’objectif de StopCovid est simple. Il s’agit de limiter la diffusion du virus en identifiant les chaînes de transmission. Le concept : prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif, afin qu’elles se fassent tester elles-mêmes, et si besoin « qu’elles soient prises en charge très tôt, ou bien qu’elles se confinent », précisait Cédric O, secrétaire d’État au Numérique.
Cette application est intéropérable : la communication entre un smartphone sous Android ou iOS est prévue. Elle fonctionne à l’aide du bluetooth et repose sur le protocole “ROBERT” (Robust and Privacy Preserving Proximity Tracing). ROBERT permet, grâce aux signaux Bluetooth des smartphones, de mémoriser l’historique des contacts pour une distance et un temps donné.

Crédit : economie.gouv.fr
StopCovid permettra également de préciser approximativement l’emplacement géographique où a eu lieu cette rencontre. L’application précisera également la durée de l’exposition au virus. Le but est d’alerter en priorité les personnes ayant été à proximité d’un porteur du virus pendant une durée significative et de façon rapprochée. En effet, l’application n’alertera pas quelqu’un si elle croise un porteur sain dans la rue pendant seulement quelques secondes et à plusieurs mètres l’un de l’autre.
L’enjeu est de prévenir les bonnes personnes assez rapidement pour qu’elles soient prises en charge le plus tôt possible. Les personnes alertées seront invitées à prendre toutes les précautions nécessaires et à se tourner vers un médecin le plus rapidement possible.
Feux verts aux tests et autorisations
Pour être approuvée, l’application a dû répondre à de nombreux critères et conseils de la part de la CNIL et de l’Anssi, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. On peut notamment citer la réalisation d’un audit type «Bug Bounty ».
C’est l’entreprise parisienne Yes We hack qui a été choisie pour tester la sécurité du système et des données de traçabilité.
Le Sénat et l’Assemblée Nationale ont également donné leur feu vert.
StopCovid a aussi dû être validée par Google et Apple avant sa mise à disposition sur les systèmes d’exploitation Apple Store et Google Play.
Les deux géants de la Tech, qui avaient pour le moment interdit toute nouvelle application “surfant” sur le coronavirus, ont été plus enclins face à cette application gouvernementale.
Quelle efficacité pour l’application ?
Malgré sa mise en ligne dès aujourd’hui, l’efficacité de l’application reste encore à démontrer.
Elle repose sur plusieurs facteurs. Déjà, l’utilisation est basée sur le volontariat. On ignore donc, à date, le pourcentage de la population française qui va l’utiliser.
Sachant que si l’utilisation n’est pas assez large, le système en lui-même perdra de son efficacité.
D’après Marie-Laure Denis, Présidente de la CNIL, « il faudrait qu’une application de ce type couvre 60% de la population pour être efficace ».
Or, d’après les derniers chiffres, 25% des Français ne seraient pas équipés de smartphones à l’heure actuelle. De plus, il faut prendre en compte les « zones blanches », ces zones d’un territoire qui ne sont pas encore desservies par un réseau internet, notamment mobile.
Enfin, autre point soulevé par Marie-Laure Denis, le faible pourcentage des seniors équipés, formés et habitués aux smartphones et aux applications. Partie de la population la plus touchée par le Covid-19, notamment dans ses formes les plus graves, nos aînés ne sont pas les publics les plus à l’aise avec ces outils digitaux.
La Présidente de la CNIL dénombre un taux d’équipement des plus de 70 ans à 44%, contre 98% chez les 18-25 ans. En outre, parmi ces 44%, très peu utiliseraient pleinement les fonctionnalités de leur mobile : comme le téléchargement de nouvelles applications par exemple…
Le traçage numérique a déjà fait ses preuves dans d’autres pays
Le concept de tracking, déjà en cours d’utilisation dans certains pays, semble toutefois avoir fait ses preuves. Il « a permis de remonter à des patients sources, d’identifier des chaînes de contamination et de freiner la diffusion de l’épidémie » comme l’expliquait Cédric O dans son interview au Monde.
On peut notamment citer l’exemple de la Corée du Sud, qui a instauré un système de tracking permettant de suivre les déplacements des malades.
Grâce aux données de géolocalisation transmises par les opérateurs aux autorités, une personne ayant été en contact rapproché avec un patient infecté sera tout de suite informée et invitée à aller réaliser un test de dépistage du Covid-19.
Ce sytème a été présenté comme une solution clé de la lutte contre le Covid-19 en Corée du Sud.
Autre exemple d’efficacité à Singapour, avec une application basée elle aussi sur le volontariat. Nommée « Trace Together », l’application a été installée par 1 million de personnes sur les 5,6 millions d’habitants que compte le pays. Trace Together a permis de suivre les contacts dans les espaces publics et donc d’alerter des personnes potentiellement en contact avec des personnes infectées. Les données sont stockées durant 21 jours, de manière anonyme et protégée.
En somme, le gouvernement français a pu s’appuyer sur des exemples concrets pour proposer une solution adaptée et efficace.
Quid de nos données personnelles et des libertés ?
Objet de vifs débats, tant au sein de la classe politique que chez les Français, une telle application pose forcément des questions quant aux données personnelles qu’elle implique. Par extension, elle interroge également l’étendue de nos libertés individuelles et collectives.
Face à l’inquiétude légitime de nombreux Français, le gouvernement a précisé que StopCovid est “conforme aux valeurs de la République et s’inscrit dans le cadre de la protection de la vie privée. En aucun cas, vous ne pourrez identifier qui a été à proximité de vous, ni qui est malade. StopCovid repose sur les travaux de recherche actuels en épidémiologie, en cybersécurité et en respect de la vie privée.”
Le gouvernement insiste d’ailleurs sur l’aspect de “volontariat” de l’application, expliquant qu’elle pourrait être désinstallée à tout moment et que les données seraient anonymes et effacées au bout d’une période donnée.
Face à cette situation inédite, le recours à ce type d’application pourrait être une solution clé pour éviter une seconde vague.
Toutefois, la méfiance face à ces nouveaux outils numériques, le manque d’épuipement, de formation ou encore de connectivité d’une partie des Français risquent de rendre moins efficace qu’elle ne pourrait l’être l’application StopCovid.
Le meilleur allié ? Le temps, qui permettra d’observer le pourcentage de la population que le gouvernement aura réussi à convaincre, et ainsi mesurer l’efficacité du projet.
Après un léger retard (l’App devait être normalement disponible à midi) vous pouvez désormais télécharger l’application StopCovid en cliquant sur les liens ci-dessous :
Télécharger #StopCovid sur le Play Store (Androïd)
Télécharger #StopCovid sur l’App Store (iOS)
En savoir plus sur #StopCovid sur le site du gouvernement.
Rejoignez-nous
Vos études touchent à leurs fins ou vous êtes à la recherche de nouveaux défis ? Alors rejoignez Adentis dès aujourd’hui en cliquant sur le lien ci-dessous :
>> Je veux rejoindre Adentis <<
Laisser un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.