Synchron peut désormais tester sa neuroprothèse sur des humains 

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Synchron vient de prendre une longueur d’avance sur ses concurrents dans le domaine des interfaces cerveau-machine.

En juillet dernier, la start-up New-Yorkaise a obtenu le feu vert de la FDA pour tester son implant directement sur des humains.
L’essai clinique débutera donc d’ici la fin de l’année avec pour objectif principal d’aider des patients atteints de pathologies physiques comme la paralysie.

 

Une neuroprothèse basée sur du Machine Learning

Après avoir reçu la désignation “Breakthrough Device” accordé par la FDA (Food and Drug Administration) en août 2020, permettant d’accélérer le développement, l’évaluation et l’examen des technologies de pointe, Synchron vient d’obtenir une nouvelle approbation de la FDA pour démarrer un essai clinique de sa neuroprothèse nommée « Stentrode » sur les humains.

L’approbation de cet IDE reflète des années de tests de sécurité effectués en collaboration avec la FDA. Nous avons travaillé ensemble pour ouvrir la voie vers la première approbation commerciale d’un BCI implanté de façon permanente pour le traitement de la paralysie. Nous sommes ravis de lancer enfin un essai clinique aux États-Unis cette année”, a déclaré dans un communiqué de presse Thomas Oxley, PDG de Synchron, MD, PhD.

Destinée aux patients atteints de paralysie, dès la naissance ou à la suite d’un grave accident, Stentrode a été créé en tant que dispositif de liaison directe entre un cerveau humain et un ordinateur.
Objectif : permettre à ces patients de réaliser des actions uniquement par la pensée, sans l’action des muscles.

Le dispositif se présente comme un petit boîtier installé sur la poitrine du patient.
Celui-ci est relié à un implant, inséré également au niveau de la poitrine, lui-même relié à la neuroprothèse. Cette dernière est introduite à travers la veine jugulaire, près du cou, puis placée dans un vaisseau sanguin proche du cortex cérébral. 
La mise en place de la prothèse ne nécessite pas d’intervention lourde, puisque le dispositif internalisé peut être mis en place en seulement 2 heures.

Les vaisseaux sanguins offrent un accès sans chirurgie à toutes les régions du cerveau, et à grande échelle. Notre première cible est le cortex moteur pour le traitement de la paralysie, qui représente un besoin important non satisfait pour des millions de personnes à travers le monde, et une opportunité de marché de 20 milliards de dollars.”, précise Oxley. 

L’implant cérébral est chargé de communiquer avec le second implant, placé dans la poitrine, via un émetteur dont la fonction est d’interpréter les signaux électriques du cerveau grâce au Machine Learning avant de les transmettre à un ordinateur situé à l’extérieur du corps.
Les patients devraient ensuite contrôler directement par la pensée les appareils numériques.

 

 

Une étude de faisabilité et un essai clinique 

Pour mener à bien son projet, Synchron collabore avec l’Université de Carnegie Mellon, le centre médical de l’Université de Pittsburgh, ainsi qu’avec le système de santé Mount Sinai, à New York.

Pour tester sa nouvelle neuroprothèse, la société va réaliser un essai qui constitue une étude de faisabilité préliminaire (EFS). Celle-ci lui permettra de vérifier le bon fonctionnement et la sécurité du dispositif en vue d’une future commercialisation sur le territoire nord-américain d’ici trois à cinq ans.

L’étude, baptisée “COMMAND” débutera cette année au Mount Sinai Hospital et concernera un groupe de six patients atteints de paralysie sévère.
Si les résultats de l’étude s’avèrent concluants, l’entreprise pourra passer à l’étape suivante du processus d’approbation. 

Synchron n’en est pas à ses premiers essais, puisque la start-up a déjà réalisé un premier essai clinique.
Baptisé “SWITCH”, il se déroule actuellement en Australie, où Synchron possède des bureaux, et porte sur quatre patients différents.
Les premiers résultats de cette étude, qui ont été publiés dans la revue scientifique Journal of NeuroInterventional Surgery (JNIS) en octobre 2020, ont montré de grandes avancées pour les patients.

Selon ces résultats, les patients seraient capables de contrôler des appareils avec du texte et de la saisie de texte directement par la pensée. Une fois l’implantation réalisée et une courte période de formation assistée par apprentissage automatique, les patients ont ainsi pu écrire et envoyer des SMS et des e-mails, lancer une vidéo ou même réaliser des achats en ligne et effectuer des téléconsultations directement depuis leur domicile et ce sans surveillance. 

 

Synchron s’impose devant la concurrence

Grâce à cette autorisation, l’entreprise prend une véritable avance face aux géants de ce secteur.
Elle devance par exemple Neuralink,  la start-up fondée en 2016 par Elon Musk et Max Hodak, également spécialisée dans la recherche sur les interfaces cerveau-machine.
L’objectif ultime étant de mettre au point une puce portable destinée à être placée derrière l’oreille et qui sera capable de transférer les informations émises par le cerveau directement à un smartphone ou un ordinateur.
Avec sa technologie mêlant à la fois des fils fins et flexibles et plus d’électrodes que d’autres dispositifs du même style, ce système permettrait de fournir davantage de données.

L’entreprise compte d’ailleurs rattraper son retard, avec un nouveau tour de table ayant permis de lever 205 millions de dollars en août dernier.
Ces fonds seront principalement utilisés pour commercialiser le premier produit de Neuralink et vont aussi permettre d’accélérer la recherche et le développement de futurs produits.
Même si de nombreuses étapes sont encore nécessaires pour atteindre ces objectifs, Neuralink a cependant obtenu récemment la catégorisation “breakthrough device” pour son implant cérébral de la part de la FDA.

 

 

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De son côté, Paradromics, une entreprise basée à Austin au Texas et spécialisée dans les implants cérébraux, vient également de réaliser une levée de fonds en juillet.
Avec près de 20 millions de dollars récoltés, l’entreprise pourra développer sa technologie dans le but d’aider les personnes à interagir avec le monde extérieur grâce à leur esprit. Elle devrait également prochainement introduire sur le marché une nouvelle génération de minuscules et puissantes électrodes. 

 

La recherche sur les interfaces cerveau-machine attire chaque année de plus en plus d’investisseurs.

Ces multiples levées de fonds sont une chance de créer de véritables technologies de pointe, tout en solutionnant l’ensemble des problèmes liés à la sécurité de ces types de dispositifs. Synchron voit dans cette avancée majeure une opportunité pour développer et améliorer son implant neuronal, pour une commercialisation dans les années à venir.

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