Systèmes embarqués & électronique industriel : l’Europe toujours parmi les leaders ?
Temps de lecture : 5 min
L’Europe : l’un des leaders mondiaux en technologies embarquées. Les domaines concernés sont nombreux. On peut citer l’aérospatial, la défense, la sécurité, l’automobile, la santé, les communications ou encore l’électronique grand public.
Or sa position sur la première marche du podium est menacée depuis plusieurs années…
La raison ? Une concurrence mondiale qui ne cesse de croître et d’améliorer ses champs de compétence.
Pour conserver cette première place dans les années à venir, la Commission Européenne a fait appel au cabinet d’études Décision. Objectif : mettre en évidence les forces et les faiblesses de l’Union Européenne dans les systèmes électroniques embarqués.
On fait le point sur ce rapport dans notre article de la semaine.
L’Europe : leader des segments de l’électronique professionnel et des systèmes embarqués
Le savoir-faire de nombreuses entreprises européennes lui permet aujourd’hui encore de s’imposer sur les segments de l’électronique industrielle, l’automobile, l’aérospatial/défense/sécurité, et des industries de la santé.
Le Vieux Continent peut donc remercier ces leaders mondiaux à la pointe de leur domaine : Airbus, Thales, Safran, Bosch, Continental, Siemens, Philips ou encore Schneider Electric (pour ne citer qu’eux). En 2018, la production d’équipements électroniques y était estimée à 290 milliards d’euros, avec respectivement 60 milliards d’euros dans les équipements autonomes et 230 millards d’euros dans les équipements embarqués professionnels.
Résultat : l’Europe est le premier producteur mondial de systèmes électroniques grâce à l’industrie automobile, et plus précisément l’électronique automobile. Avec 27% de la production mondiale, elle devance la Chine (20%) et l’Amérique du Nord (18%). Ses points forts sont les activités à haute valeur ajoutée : ingénierie, R&D, production, automobile notamment.
Le continent peut également se réjouir de sa bonne position dans les équipements industriels, et dans l’électronique industriel dont il fournit 20% de la production mondiale. Ce chiffre le place au second rang mondial, derrière la Chine (24%) et devant l’Amérique du Nord (19%).
L’industrie aérospatial-défense-sécurité européenne joue un rôle important dans le classement européen. En effet, 22% de la production mondiale est localisée en Europe, ce qui la situe au second rang mondial derrière l’Amérique du Nord (41%) et devant la Chine.
Enfin, le domaine des industries de la santé fait aussi partie des atouts européens. Les pays de l’Union Européenne produisent 19% de l’électronique médicale mondiale, plaçant le continent au troisième rang mondial derrière l’Amérique du Nord (40%) et la Chine (20%).
Pour garder cette position dans les années à venir, le rapport présente 16 technologies émergentes qui auront une véritable importance dans les équipements électroniques embarqués du futur.
Parmi ces 16 technologies clés, on retrouve les puces neuromorphiques, les interconnexions photoniques, le packaging 3D, les capteurs intelligents ou encore l’intelligence artificielle (IA).
L’Europe : plus faible dans les segments de consommation de masse
Si autrefois le marché des consommations de masse (téléphones, ordinateurs, appareils photo,…) était investi en premier lieu par les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, la donne a changé. C’est désormais l’Asie, poussée par la Chine, qui fait la course en tête.
Dans l’électroménager, la part de l’Europe dans la production mondiale reste importante et s’élève à 17% ; derrière la Chine (37,5%) et devant le reste de l’Asie (12,5%) et le reste du monde (12,5%). Néanmoins, cette part diminue dans les autres segments, l’affaiblissant face à ses principaux concurrents.
Pour ce qui est des équipements audio-vidéo, l’Europe se place au 4ème rang avec 11% de la production mondiale, après la Chine (53%), le reste de l’Asie (31%) et les Etats-Unis (12,5%).
En ce qui concerne la production mondiale d’ordinateurs, l’Europe se situe au 3ème rang avec 5,5%, après la Chine (54%), le reste de l’Asie (32%), et ex-aequo avec les Etats-Unis.
Enfin, pour les produits téléphoniques, l’Europe arrive en 5ème place avec 3,5% de la production mondiale, derrière la Chine (51%), le reste de l’Asie (29%), le « reste du monde » (7,6%) et les Etats-Unis (6,3%).
En conclusion, l’Europe se place désormais au 4eme rang mondial pour l’ensemble de la production électronique, derrière la Chine, le reste de l’Asie et l’Amérique du Nord.
Micro et Nano électronique
En 2017, les semi-conducteurs (matériau qui conduit imparfaitement l’électricité) ont généré un chiffre d’affaires de 35 milliards d’euros en Europe. C’est plus de 9% du chiffre d’affaires mondial.
La capacité de production de tranches de semi-conducteurs (en équivalent 200mm), est investie par l’Europe à hauteur de 6% de la capacité mondiale. Le continent reste bien positionné dans les technologies « anciennes ». A l’inverse, les technologies dites « avancées » (moins de 22 nm) ne sont plus produites en Europe.
Des technologies alternatives, notamment le FDSOI, pourraient lui donner l’occasion de regagner des parts de marché dans les technologies avancées.
L’Europe reste cependant leader mondial dans la production d’équipements pour semi-conducteurs. C’est notamment grâce à des sociétés comme ASML, SOITEC, M + W, ASML et AIXTRON ou encore RECIF.
Si l’Europe est en bonne position en R&D en Micro et Nano électronique, cela s’explique en partie par le succès des programmes d’aide à la recherche fondamentale de la Commission Européenne. Ils permettent de véritables avancées dans ce domaine.
La bataille de l’internet industriel
Les objets connectés sont désormais partout, aussi bien dans nos vies personnelles que professionnelles. Les différents pays du globe se livrent une bataille acharnée pour s’imposer sur ce marché, avec pour effet des innovations en matière d’IoT (Internet of Things = Internet des objets) qui se multiplient.
Ces objets connectés ont un potentiel indéniable pour révolutionner des secteurs comme l’automobile, l’aéronautique ou encore l’énergie.
Et l’Europe en tient bien compte… De fait, le rapport précise ses forces en R&D ainsi que sur des marchés tels que celui des capteurs, de la photonique, de l’électronique imprimée ou encore des éléments de sécurité.
En revanche, l’étude met avant les faiblesses de l’Europe sur les algorithmes d’apprentissage statistique, le traitement neuromorphique, le packaging avancé de composants ou encore les mémoires non volatiles.
Pour permettre à l’Europe de garder son statut actuel de leader en systèmes embarqués, le rapport lui préconise l’amélioration des aides publiques des technologies émergentes. Des aides publiques qui font bonne (si ce n’est meilleure) figure chez les concurrents directs de l’Union Européenne.
L’étude du cabinet Décision recommande également la mise en place de partenariats de fabrication avec de grandes multinationales ; ainsi que le renforcement de la R&D dans les domaines où l’UE est encore en retard.
En effet, le rapport prévoit que les nations les plus innovantes en technologies informatiques émergentes seront les leaders industriels mondiaux de demain. Moralité : il faut continuer de soutenir l’innovation !
Enfin, l’UE devra favoriser les acteurs européens du numérique. Ils font face à une domination massive des Etats-Unis (en témoigne les Gafami : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et IBM) et de la Chine (avec Batx : Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi. Pour cela, de nouvelles lois seront attendues.
Retrouvez l’intégralité de l’étude du cabinet Décision ICI.
Rejoignez-nous
Vos études touchent à leurs fins ou vous êtes à la recherche de nouveaux défis ? Alors rejoignez Adentis dès aujourd’hui en cliquant sur le lien ci-dessous :
>> Je veux rejoindre Adentis <<
Laisser un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.