
Un nanosatellite perdu réapparaît 4 ans et demi après son lancement
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Environ 4 ans après sa disparition, PicSat, un des premiers nanosatellites français, vient de redonner signe de vie grâce à un signal radio. Lancé le 12 janvier 2018, le nanosatellite avait pour mission d’observer l’exoplanète Beta Pictoris b lors de son transit devant son étoile. Mais seulement deux mois après son lancement, PicSat était tombé en panne et tout contact avait été perdu. Avec ce nouveau rebondissement inattendu, le nanosatellite a prouvé le 22 juin 2022 qu’il était bien actif, donnant l’espoir au Laboratoire d’Études Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique (LESIA) de procéder à de nouvelles observations astronomiques. On fait le point sur ce retour inespéré.
Une mission d’observation
L’aventure commence en 2018. Conçu et fabriqué par des chercheurs et ingénieurs de l’Observatoire de Paris et du CNRS au sein du LESIA, PicSat avait pour mission d’observer l’exoplanète Beta Pictoris b, située à quelques 63,4 années-lumière de notre monde, au moment de son passage devant son étoile. Cette exoplanète géante dispose d’une luminosité insuffisante pour pouvoir être observée directement. Elle nécessite donc d’être observée via la méthode du transit en astronomie, qui vise à détecter la présence d’une exoplanète lorsqu’elle passe entre son étoile et un observateur tiers, grâce à la quantité de lumière reçue. Ainsi, PicSat devait collecter de multiples données sur sa taille, sa densité, la composition de son atmosphère ou encore sa composition chimique.
Lancé à bord d’un lanceur PSLV indien le 10 janvier 2018, le nanosatellite composé de trois cubes de 10 centimètres de côté et pesant 3,5 kg devait atteindre sa destination d’ici l’été 2018, moment où l’exoplanète effectuait son transit devant son étoile.
Mais seulement deux mois après son lancement, et après être passé au-dessus de l’Indonésie, après le pôle Sud, PicSat ne répond plus. Plusieurs demandes d’aides ont alors été lancées auprès de radioamateurs autour du monde et possédant des grandes antennes, mais aussi auprès de la NASA qui dispose d’un service de suivi des longueurs d’onde UHF et est capable de suivre des signaux très faibles, mais sans succès. Sans nouvelles données, les équipes du CNRS avaient alors décidé de mettre un terme à cette mission le 5 avril 2018.
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Un nouveau signal
Mais c’était sans compter sur des radioamateurs toujours à l’affût de nouveaux signaux, et qui ont repéré ce 22 juin 2022 des télémesures provenant du nanosatellite. C’est LESIA Astro qui a annoncé la grande nouvelle via Twitter : « On le croyait perdu, promis à se désintégrer dans l’atmosphère terrestre en silence. Le nanosatellite @IamPicSat conçu et fabriqué au @LesiaAstro vient de renvoyer un signal après 4 ans et demi de silence radio. ».
On le croyait perdu, promis à se désintégrer dans l’atmosphère terrestre en silence. Le nanosatellite @IamPicSat conçu et fabriqué au @LesiaAstro vient de renvoyer un signal après 4 ans et demi de silence radio. Il avait été lancé sur une fusée PSLV le 10 Janvier 2018. pic.twitter.com/3pLl7oVlTL
— LESIA astro (@LesiaAstro) June 22, 2022
Un véritable exploit, puisque le nanosatellite n’a bénéficié d’aucune assistance pour envoyer le signal. L’équipe chargée à l’époque de la mission s’est mobilisée de nouveau pour analyser les données de la télémétrie recueillies et a pu confirmer qu’il s’agissait bien de PicSat. Le satellite se trouve actuellement à 480 km d’altitude et devrait disposer d’encore plusieurs années avant d’être désintégré. Les données rapportées ont fourni des indications sur la température du satellite, sa vitesse de rotation ou la charge de sa batterie, mais pas assez suffisantes pour connaître l’état actuel du satellite ni les raisons pour lesquelles il ne donnait plus de nouvelles.
Bien que pour le moment la communication vers PicSat soit impossible techniquement puisque l’ensemble des dispositifs déployés n’existent plus, un diagnostic du nanosatellite est programmé, à la suite duquel l’équipe décidera de la suite de la mission de PicSat.
Avec ces nouvelles données, PicSat pourrait finalement être bien plus opérationnel que les équipes ne le pensaient. Si sa mission première ne sera plus d’actualité puisque le transit de Beta Pictoris b se produit tous les 18 ans, PicSat pourrait tout de même être utile pour réaliser d’autres observations astronomiques. .
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Photo de couverture : © South China Morning Post
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