Voiture autonome : quand la réalité rattrape la fiction !

 

 

L’heure n’est (vraiment) plus aux suppositions ou aux hypothèses farfelues ! Il ne fait désormais plus aucun doute que nous roulerons bientôt dans des voitures autonomes.

Très bientôt même, puisque les principaux acteurs du marché, des constructeurs comme PSA, Ford, Mercedes, des équipementiers comme Valeo ou Bosh avec l’appui des principaux acteurs de l’économie numérique et géants du web comme Google et Facebook promettent d’ores et déjà de proposer des modèles à la commercialisation à l’horizon 2020.

De nombreux tests ont d’ailleursété menés par divers acteurs, à l’image de Waymo, filiale d’Alphabet (Google) qui a lancé un service de taxi sans chauffeur.

 

© Waymo

 

Un grand nombre de véhicules proposent déjà des options très avancées permettant notamment de gérer accélération et freinage automatiquement, d’ajuster la trajectoire (par détection des lignes notamment sur autoroute) ou encore un mode pilote automatique (comme chez Tesla).

Mais pour voir des voitures 100% autonomes sur nos routes, il reste encore du chemin à parcourir.

Pour vous aider à y voir plus clair sur le sujet, on a décidé de vous synthétiser ces différentes étapes dans notre article du jour !

 

Étape 1 : l’intelligence artificielle au cœur de l’automobile

L’intelligence artificielle (IA) est un vaste sujet, qui fait l’objet de (très) nombreux investissements depuis plusieurs années après des débuts timides il y a maintenant 10 ans.
Et si nos voitures seront plus que probablement 100% autonomes un jour, ce sera grâce à l’intelligence artificielle.

En effet, pour rendre nos voitures 100% autonomes, les besoins en termesde traitement de données et de calcul sont tout simplement colossaux.

 

Le rôle de l’intelligence artificielle est donc double ici :

1/ comprendre les données et identifier les variables

 

Stéphane Nègre, président d’Intel Corporation (dont les puces Nervana devraient rendre l’IA 100 fois plus rapide en moyenne) précise que « 1h30 de conduite autonome génère 4 To de données » (soit plus de 4 millions de Mo).

À titre d’exemple, toujours selon Stéphane Nègre, ces 4 To de données représentent l’équivalent de 3000 personnes qui surfent toute une journée sur internet.

Un million de voitures autonomes représenterait donc une masse de données équivalente à celle de la population mondiale connectée à Internet.

À cela s’ajoute l’identification et la reconnaissance de toutes les variables. Concrètement, l’IA doit être en mesure de reconnaître tout autre type de véhicule et leurs caractéristiques, les humains, l’environnement ambiant, etc.

L’ensemble de ces données ne pouvant pas être gérées uniquement par le véhicule, une connexion devra donc être faite à distance avec d’autres IA vers lesquelles seront dispatchées les données.

 

2/ prise de décisions de l’IA



Une quantité astronomique de données, c’est bien. Mais cela reste en partie inutile si l’IA ne parvient pas à analyser ces données pour prendre des décisions.

Pour rendre les véhicules 100% autonomes, il faut que l’IA soit capable, en analysant son environnement de :

  • voir : grâce à ses capteurs,
  • comprendre : grâce à l’ensemble des données collectées et des autres IA,
  • anticiper : en identifiant tous les corps / objets en mouvement et en calculant leur trajectoire probable.

Par exemple anticiper le fait qu’en dépassant un bus à l’arrêt, des passagers peuvent traverser au milieu de la rue à l’avant et à l’arrière du bus ou bien qu’un ballon traversant une rue est potentiellement suivi d’un enfant, etc.

Et pour réussir cette prouesse, l’IA sera normalement, d’ici 2020, capable de réaliser 30 trillions (30,000,000,000,000 : oui ça fait beaucoup !!)d’opérations, le tout à la seconde, soit trois fois plus que notre cerveau.

 

 

Étape 2 : gestion des flux de données et connectivité

 

En l’état, avec nos débits de connexion actuels et notamment la 4G, réussir à gérer, traiter et analyser toutes ces données ressemblerait de très près à télécharger un film en Blu-ray avec un modem internet 56K (concrètement : plusieurs mois !).

La voiture, pour être 100% autonome, doit donc profiter d’un débit ultra rapide et c’est précisément là que la 5G fait son entrée.

Pour faire simple, la 5G sera à l’internet mobile ce que la fibre optique est à l’internet fixe, permettant théoriquement d’atteindre un débit 10 fois plus important que celui de la meilleure 4G actuelle.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la 5G, vous pouvez lire notre article :  La 5G is coming : mais c’est quoi exactement ?

 

Cette nouvelle technologie, qui devrait également être opérationnelle à l’horizon 2020 (avec une couverture totale d’ici 2025), permettra le traitement des données et le partage avec les autres IA, mais permettra également aux véhicules d’échanger des informations continuellement avec leur propre environnement  (notamment les infrastructures autour) ainsi qu’avec les autres véhicules autonomes se trouvant à proximité.

D’ici cinq ans, les véhicules autonomes pourront donc théoriquement être en mesure de géo-localiser, au centimètre près, leur position sur une route et ce peu importe les conditions environnantes (brouillard, manque de luminosité, etc).

Les ingénieurs ont déjà baptisé cet aspect, c’est-à-dire le partage et l’analyse d’informations en temps réel entre plusieurs véhicules (ou IA) : « L’intelligence en essaim ».

Et c’est là qu’on pourrait vite se sentir propulsé dans un scénario de film digne de iRobot où les robots dominent le monde et les hommes.

 

 

 

 

 

 

Étape 3 : faire évoluer les législations

 

Au début de l’année, lors du salon de l’automobile de Détroit (USA), Jacques Aschenbroich (PDG de Valeo, l’un des principaux équipementiers automobile) expliquait que «la technologie dans le secteur automobile évolue aujourd’hui à un rythme tel que la législation s’en retrouve souvent dépassée».

En effet, avant la mise en service de véhicules 100% autonomes, de nouveaux cadres législatifs devront être mis en place dans les différents pays.

La Commission Économique pour l’Europe des Nations Unies (UNECE) a d’ores et déjà annoncé une révision de la convention de Vienne (qui régule la circulation routière depuis 1968) afin d’y intégrer les voitures autonomes.

Et en France ?

 

En France, le gouvernement ne souhaite pas être à la traine sur la question de l’IA et des véhicules autonomes.

Fin mars dernier, après la remise du rapport du mathématicien Cédric Villani, Emmanuel Macron (actuel Président de la République) évoquait la stratégie de la France : « jusqu’alors, la France avait collectivement peiné à se positionner parmi les leaders de la voiture autonome ».

La position du gouvernement français est donc désormais de positionner la France « à la pointe de l’expérimentation », en permettant des expérimentations et tests de véhicules 100% autonomes d’ici le début de l’année prochaine (2019) et de « poser au plus vite le cadre d’homologation » d’ici 2022, c’est à dire d’ici la fin du quinquennat actuel.

Les réponses aux grandes questions soulevées par l’absence de pilote humain à bord de ces véhicules devront également s’intégrer dans ce cadre légal, notamment en terme de responsabilité en cas d’accident. Des questions dont on est loin d’avoir fait le tour et fini de parler.