« XReef » : l’impression 3D au secours des fonds marins 

 

Une maison imprimée en à peine 24 heures en Russie (mars 2017) ; un pont cyclable de 8 mètres de long à Amsterdam (octobre 2017) ou encore un pavillon social de 95 mètres carrés à Nantes (mars 2018)…

Ces quelques exemples ont en commun l’expérimentation de fabrication additive, connue sous le nom d’impression 3D. Cette technologie se multiplie depuis quelques années.

Outre le fait de recréer des formes architecturales complexes avec un gain de temps considérable, la fabrication additive est également en mesure d’apporter des solutions concrètes permettant de réduire notre impact environnemental dans un contexte écologique où la technologie se doit d’être au service de l’environnement.

Le dernier exemple en date provient de la start-up Seaboost, spécialisée dans la restauration marine. Elle s’est associée à l’expert de l’impression 3D XtreeE pour la fabrication des « XReef », des récifs artificiels en béton.

Objectifs : remplacer les anciens systèmes d’amarrage des bouées jaunes qui délimitent les zones de baignade et de navigation autorisées, avant tout pour servir d’abri aux différentes espèces marines.

On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.

 

 

32 récifs artificiels installés sur le littoral occitan en mai dernier 

 

Vous avez bien lu : les deux entreprises sont parvenues à produire 32 récifs artificiels grâce à l’impression 3D béton.

 

Baptisés « XReef » (« reef » pour récif en anglais), ces structures reproduisent une complexité architecturale poreuse inédite. En effet, elles imitent le « coralligène », écosystème sous-marin caractérisé par l’abondance d’algues calcaires dites algues coralligènes. Leur particularité ? Par superposition d’encroûtements ou par accumulation de dépôts, elles sont capables de construire des massifs comparables aux massifs coralliens.

A l’état naturel, cet écosystème sous-marin rocheux peut mettre plusieurs centaines d’années à se former. Il est l’un des habitats naturels les plus riches de la mer Méditerranée.

« Dans un contexte global de dégradation de l’environnement marin, l’impression 3D béton offre des perspectives sans limite pour les futurs projets d’ingénierie et de restauration écologique depuis les eaux méditerranéennes jusqu’à la Grande barrière de corail en Australie. « explique XtreeE.

Les cavités qui composent les XReef sont bien entendu appropriées au développement de la faune et de la flore marine. Elles ont notamment été pensées pour les nurseries, sites occupés par les espèces juvéniles, essentiels à l’équilibre de la biodiversité marine.

 

Ces 32 structures ont été immergées fin mai 2019 au large du Cap d’Agde. La ville occitane d’Agde gère une aire marine d’une superficie de 6 150 hectares sous l’égide de la côte agathoise. Agde parle ainsi d’une « première internationale » pour cette zone classée Natura 2000. « seulement quelques prototypes de récifs artificiels imprimés en 3D ont été produits et immergés jusqu’à présent dans le monde », souligne-t-elle.

 

 

À (re)lire : Impression 3D : des gobelets biodégradables fabriqués à partir de… peaux d’oranges !

 

Coût du projet et suivi scientifique

 

Lestés à 300 mètres du rivage sur une dizaine de kilomètres, ces blocs artificiels d’un mètre sur un mètre pèsent 1,4 tonnes chacun.

En plus de servir d’abris aux différentes espèces marines, ils pourront remplacer le fameux « trio infernal » d’amarrage des bouées jaunes composé de « pneu, béton, chaîne qui casse et qui rouille », précise la ville d’Agde.
Au-delà d’être peu résistantes aux coups de mer, ces bouées peuvent sensiblement impacter le milieu marin en risquant de dériver vers le fond. Elles nécessitent de surcroît de nombreux et coûteux déplacements des services municipaux maritimes pour leur pose, leur dépose et leur entretien.

 

Ces nouveaux récifs artificiels ont coûté 224 000 euros hors taxes, financés de la manière suivante :

  • 60% par l’Ademe (Ministère de la Transition écologique)
  • 20% par la Ville d’Agde
  • 10% par la Région Occitanie
  • 10% par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée.

 

Afin de tirer profit au maximum de cette expérience, un suivi scientifique du projet est prévu. Il a pour ambition d’améliorer les procédés, et bien sûr d’inciter d’autres collectivités à suivre le mouvement.

Ce suivi sera assuré par une équipe de plongeurs et biologistes marins professionnels de la direction du milieu marin d’Agde, par ceux de l’université de Perpignan Via Domitia, et pour finir par le CNRS via le Cefrem (Centre de formation et de recherche sur les environnements méditérannéens).

 

 

 

Un récif artificiel dédié à la plongée d’ici 2020

 

En plus de ces 32 récifs artificiels, l’impression 3D se consacrera à la plongée sous-marine par la création d’un récif artificiel.

Prévu pour 2020, ce récif vise à préserver encore un peu plus les sites de plongée naturels, victimes de leur succès.
Pour soulager ces sites menacés, la plongée y sera bientôt interdite. Cependant, Renaud Dupuy de la Grandrive explique qu’un compromis sera proposé aux plongeurs : « Pour protéger un certain nombre de sites sur Brescou, on va créer une réserve marine où on n’aura pas le droit de plonger. En contrepartie, on va créer un récif artificiel sur 10 mètres de haut réalisé grâce à une imprimante 3D béton. Il y aura une grotte, un passage, on va faire quelque chose de ludique. Cette structure va attirer rapidement les moules, les huîtres :de la faune et de la flore fixée. On ne se fait pas de soucis. » 

 

 

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