Yoda, le nouveau patrouilleur spatial français
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Alors qu’en 1980 le Président américain de l’époque, Ronald Reagan, dévoilait sa défense stratégique baptisée “Guerre des étoiles” dans les médias, c’est aujourd’hui au tour de la France de se lancer dans le développement de ses propres patrouilleurs spatiaux avec pour objectif de protéger ses satellites.
Après le déploiement des forces françaises composées d’avions légers de surveillance et de renseignement, baptisés “Vador”, le CNES (Centre National d’Études Spatiales), lance les travaux d’un nouveau système spatial nommé Yoda.
Là encore, les aficionados de la saga Star Wars ne manqueront pas de relever la référence quant au nom de ce système, dont l’acronyme signifie ici “Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile”.
On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.
La France et l’UE en retard sur le terrain de la défense spatiale !
Le matériel spatial européen est resté trop longtemps sans défense et les choses ont malheureusement encore du mal à avancer.
En janvier dernier, les participants de la 12ème conférence spatiale européenne lançaient d’ailleurs un avertissement à ce sujet, suite à leur stupéfaction concernant les coupes budgétaires envisagées dans le projet global de l’Union Européenne.
La France, et plus largement l’UE, sont donc en retard sur le terrain de la défense spatiale, en reléguant trop souvent la question de la vulnérabilité de ses satellites au second plan des sujets militaires.
À cela s’ajoutent les progrès réalisés ces dernières années en termes de protection et de balistique, avec notamment des essais réussis de missiles anti-satellites, le déploiement de missiles “tueurs”, le développement de brouilleurs de communications ou encore les lasers aveuglants, qui remettent en perspective les dangers bien présents dans l’espace.
L’Inde a par exemple développé des missiles capables de frapper un satellite tandis que la Russie, quant à elle, opère des missions d’espionnage via ses propres satellites.
En septembre 2018, Florence Parly, Ministre des Armées, avait d’ailleurs pris la parole concernant une manœuvre suspecte d’espionnage de la Russie via l’un de ses satellites, le Luch-Olymp, engin exploité par l’armée russe et le FSB (ex-KGB), sur le satellite franco-italien Athenas Fidus, principalement utilisé pour les communications militaires. Elle avait indiqué que ce satellite s’était “approché de tellement près qu’on aurait vraiment pu croire qu’il tentait de capter nos communications. Or, tenter d’écouter ses voisins, ce n’est pas seulement inamical. Cela s’appelle un acte d’espionnage”.
La Chine et les Etats-Unis continuent quant à eux de militariser l’espace, suivis par d’autres pays, augmentant par conséquent la vulnérabilité des satellites qui ne sont pas assez bien protégés, comme c’est le cas pour les satellites français.
Les différentes puissances spatiales développent donc aujourd’hui des capacités et des systèmes en mesure d’espionner, de neutraliser mais également de détruire…
Une “Guerre des Étoiles” qui a donc dépassé de loin le stade de la fiction, avec des tensions géopolitiques grandissantes sur Terre qui font donc écho jusque dans l’espace.
Face à ce constat, la France a décidé de contre-attaquer en développant son propre patrouilleur spatial pour protéger ses satellites : YODA !
YODA : le patrouilleur spatial français du futur
Au-delà de la simple communication et de l’exploration, les satellites sont aujourd’hui un outil primordial pour la bonne conduite et la réussite des opérations militaires.
Ils permettent d’établir les communications militaires, de collecter des renseignements grâce à des solutions électromagnétiques ou par image, de géolocaliser les troupes grâce à des GPS, de détecter des tirs ennemis ou encore d’établir la trajectoire des systèmes d’armes comme des missiles.
Ils ont donc une place de choix dans les stratégies et ne doivent plus être relégués au second plan.
Contrairement au projet américain, qui prévoit de déployer une défense antimissile pour intercepter des tirs nucléaires soviétiques, le projet français aura uniquement pour but de surveiller l’espace, directement depuis celui-ci.
La France prévoit donc de lancer des engins spatiaux dédiés à la protection des satellites militaires français de toutes opérations ou manœuvres suspectes.
Le projet, baptisé YODA et présenté dans l’édition de “Challenges” du 10 novembre dernier, sera géré par le CNES, le Centre National d’Études Spatiales.
L’agence spatiale française se concentrera dans un premier temps sur la création d’un démonstrateur pour 2023, puis d’une mise en orbite d’ici la fin de la décennie.
Le démonstrateur sera constitué de deux nanosatellites d’un poids de 10 à 20 kg, qui “évolueront en orbite géostationnaire afin de valider les technologies de rapprochement d’un satellite, dimensionner les charges utiles d’opération de proximité et entraîner les opérateurs du commandement de l’espace aux opérations dans l’espace”, précise le député Jean-Jacques Ferrara, dans son rapport sur le projet de loi de finances 2021.
Ces satellites se situeront sur l’orbite géostationnaire, à une altitude de près de 36 000 km, soit à la même altitude que les satellites de télécommunications militaires Sicral 2 et Athena Fidus.
Ce patrouilleur aura pour objectif de surveiller l’espace, de détecter et d’alerter s’il repère une manœuvre suspecte ou hostile. Il servira également à démontrer la capacité de la France à mener des opérations en orbite géostationnaire.
“Sur la base des résultats obtenus par Yoda, un satellite patrouilleur plus lourd – d’une centaine de kilogrammes – et véritablement opérationnel pourra ensuite être lancé vers 2030”, indique le député.
Les Cyberattaques spatiales au coeur du problème
Les attaques dans l’espace sont multiples et les Cyberattaques font bien entendu partie du tableau.
En effet, d’après certaines études de sociétés de sécurité, les satellites souffriraient des mêmes vulnérabilités que celles des objets connectés ou des systèmes de contrôle industriel.
Il serait donc, en théorie, assez “facile” de pirater un satellite puisqu’ils fonctionnent pour une grande partie grâce à de simples relais d’ondes radio.
En 2015, un groupe russe nommé Turla prenait ainsi le contrôle d’un satellite dans le but de compromettre indirectement les ordinateurs de ses cibles via une parabole. En 2018, un groupe chinois tentait quant à lui d’infecter un satellite de communications.
Des tentatives pour le moment assez isolées mais qui nécessitent une attention particulière. Les vols de données et l’espionnage via des Cyberattaques de ce genre sont des menaces à prendre en compte dès maintenant pour assurer une protection maximale de ces satellites.
Malgré son retard en termes de défense spatiale, la France espère via ce nouveau patrouilleur protéger au mieux ses précieux satellites.
Objectif : réduire l’écart créé ces dernières années avec d’autres pays et démontrer qu’elle peut tenir une place de premier rang dans cette “guerre des étoiles”.
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